La maison du fondateur de Boko Haram sera transformée en musée au Nigeria

Le chef de la secte islamique Boko Haram Mohammed Yusuf, 39 ans, entouré de soldats, peu après sa capture par les troupes nigérianes, à la caserne de Giwa à Maiduguri, au nord-est du Nigeria, 5 août 2009.

La maison du fondateur de la secte islamiste Boko Haram, devenue un groupe jihadiste sanglant, sera transformée en musée, a annoncé mardi un membre du gouvernement, qui espère perpétuer le devoir de mémoire d'un conflit qui ravage le Nigeria depuis près de dix ans.

Mohammed Yusuf, un prêcheur musulman charismatique, a fondé son mouvement islamiste radical dans un quartier de Maiduguri, capitale de l'Etat du Borno, dans le nord-est du Nigeria en 2001.

Il drainait à l'époque de nombreux membres, souvent de jeunes étudiants, déçus par la corruption de leurs leaders et par le pouvoir en place, qui se rassemblaient dans le 'Markaz' (centre, en arabe), où se trouvaient des dortoirs et une mosquée.

Transformer ce lieu en un musée, serait, pour le ministre local de l'Information Muhammad Bulama, un moyen de "documenter, préserver et archiver l'Histoire" du Nigeria.

"L'insurrection de Boko Haram marque un tournant fondamental dans l'histoire du Borno (ancien empire du Bornu, riche carrefour commercial dès le XIVème siècle, ndlr)", poursuit M. Bulama.

Le centre coranique est en ruines depuis que l'armée nigériane l'a envahi en juillet 2009, dans un raid qui a duré six jours, et fait près de 800 morts, dont Mohammed Yusuf, quelques jours plus tard alors qu'il est en détention.

C'est cet événement sanglant qui décidera notamment le nouveau leader du mouvement, Abubakar Shekau, à prendre les armes et mener un conflit meurtrier et, quelques années plus tard, à vouloir mettre en place un califat autour du Lac Tchad.

Le 'Markaz' rassemblera "tous les objets en lien avec l'insurrection", explique le ministre à l'AFP, rejetant l'idée que cela pourrait glorifier l'image de Mohammed Yusuf.

"Notre histoire ne peut pas être écrite sans référence à Boko Haram. Nous devons avoir une image claire et juste de ce qu'il s'est passé", a-t-il insisté.

L'immense ville du nord-est, qui est encore la cible d'attaques kamikazes, et le refuge pour près d'un million de déplacés du conflit, devra toutefois retrouver une paix durable et reconstruire son image, avant que des touristes ou les écoliers ne viennent déambuler dans ses musées.

Avec AFP