Le ministre de l'Information, Lai Mohammed, a affirmé lundi lors d'une conférence de presse avoir des "preuves tangibles" que "l'opposition orchestre une violence généralisée".
Il a déclaré que l'opposition attisait les colères et était directement responsable des violences qui s'accélèrent depuis plusieurs mois au Nigeria "dans le but même d'éviter les élections".
Selon lui, l'objectif serait de mener le pays "à une crise constitutionnelle qui conduirait à la mise en place d'un gouvernement d'interim", non élu.
Le Nigeria a une longue tradition de violences politiques en période électorale. En 2011, des affrontements ont fait plus de 1.000 morts à l'annonce des résultats.
Le président Muhammadu Buhari, 76 ans, candidat à sa propre réélection présente un bilan sécuritaire déplorable, et le pays de 180 millions d'habitants fait face à de nombreux conflits.
Au delà de l'insurrection avec les djihadistes de Boko Haram dans le nord-est (plus de 27.000 morts depuis 2009), des groupes de bandits armés, pillent, volent le bétail, et pratiquent des kidnappings de masse dans le Nord-Ouest.
Le conflit entre éleveurs peuls et agriculteurs pour l'accès aux terres a fait des milliers de morts dans les Etats de la ceinture fertile du Nigeria.
Dans le Sud-Est, les groupes armés qui s'en prenaient aux installations pétrolières pendant toute la première moitié de la présidence Buhari menacent de reprendre les hostilités à tout moment.
La situation dans la région indépendantiste du Biafra (sud-est), bien que calme depuis plusieurs mois, reste explosive, sans parler des contestations récurrentes des musulmans chiites, régulièrement réprimées dans le sang.
Lai Mohammed ne le nomme pas directement, mais le PDP, Parti Populaire Démocratique est le principal parti de l'opposition et sera représenté par Atiku Abubakar, 72 ans, richissime homme d'affaires qui fut vice-président sous Olusegun Obasanjo entre 1999 et 2007.
L'ancien président nigérian a d'ailleurs accusé dimanche l'actuel chef de l'Etat et les institutions de préparer des fraudes massives pour remporter les élections.
"Personnellement, j'ai des doutes sérieux quant à l'intégrité, à l'impartialité et à la compétence actuelles de l'INEC (Commission électorale nationale, ndlr) pour organiser des élections justes, libres et crédibles", a écrit M. Obasanjo dans une cinglante lettre ouverte.
La présidence nigériane a vivement réagi dimanche soir dans un communiqué, estimant que ces accusations sont à la fois "farfelues et scandaleuses".
Avec AFP