La RDC veut garder la direction des enquêtes sur les violences au Kasaï

Michael Sharp, Zaida Catalan.

Les autorités congolaises ont décidé de garder la direction de toutes les enquêtes sur les violences meurtrières qui ont secoué le centre de la République démocratique du Congo depuis septembre, à l'expiration d'un l'ultimatum de l'ONU, a appris l'AFP jeudi de source officielle.

"Pour ce qui concerne les violences enregistrées dans les provinces du Grand Kasaï, y compris l'assassinat de deux experts de l'ONU et des policiers décapités par les Kamwina Nsapu, la justice congolaise va garder la direction des enquêtes", a déclaré à l'AFP Marie-Ange Mushobekwa, ministre des Droits humains congolais.

"Depuis trois mois, la justice congolaise travaille conjointement avec le Bureau conjoint des Nations Unies aux droits de l'Homme (BCNUDH) et la mission de l'ONU en RDC (Monusco) qui représentent la communauté internationale", a indiqué Mme Mushobekwa faisant allusion à la menace de l'ONU de mettre en place une enquête internationale.

"On ne donne pas d'ultimatum à un État souverain", a réagi Mme Mushobekwa à l'expiration de l'ultimatum du Haut commissaire de l'ONU aux droits de l'Homme qui avait indiqué mardi qu'il attendait "des réponses appropriées du gouvernement (congolais) le 8 juin concernant une enquête conjointe", en assurant qu'il insisterait "sur la création d'un mécanisme d'enquête internationale pour le Kasaï".

"La RDC sollicitera l'expertise du BCNUDH ou des médecins légistes lorsque les besoins se feront sentir", a indiqué Mme Mushobekwa.

Depuis septembre, la région du Kasaï est secouée par la rébellion de Kamwina Nsapu, chef traditionnel tué en août 2016 lors d'une opération militaire après s'être révolté contre les autorités de Kinshasa.

Selon l'ONU, ces violences ont fait plus de 400 morts et causé le déplacement de 1,3 million de personnes. Un député d'opposition de la région a évalué le bilan à plus de 3.000 morts. Dans les provinces du centre de la RDC, l'ONU a dénombré 40 fosses communes.

Deux procès sont ouverts, le premier à Kananga capitale du Kasaï centrale sur l'assassinat en mars de l'Américain Michael Sharp et la Suédo-chilienne Zaida Catalan, deux experts missionnés par le secrétaire général de l'ONU pour enquêter sur les violences dans la province du Kasaï-central.

Le second procès a débuté lundi à Mbuji-Mayi capitale du Kasaï-oriental voisin, sur une vidéo supposée avoir été tournée dans le village de Mwanza Lomba, montrant ce qui parait être un massacre de civils armés de bâtons par des militaires.

Avec AFP