Le Biafra sous couvre-feu, après des heurts violents avec l'armée au Nigeria

Une manifestation en soutien au leader pro-Biafra Nnamdi Kanu, le 1er décembre 2015 à Abuja.

Un couvre-feu a été décrété pour les trois prochaines nuits dans le sud-est du Nigeria, pour tenter d'apaiser les tensions grandissantes entre l'armée et les partisans igbos pour un Biafra indépendant.

Le gouverneur de l'Etat d'Abia, Okezie Ikpeazu, a annoncé mardi tard dans la nuit, que tous les habitants de l'Etat devront rester chez eux entre 18 heures (17 heures GMT) et 6 heures du matin, jusqu'à ce vendredi.

Il a demandé "le respect des lois" et que "personne ne s'engage dans des confrontations avec les soldats et autres forces de sécurité."

Les derniers jours ont été marqués par des heurts violents entre l'armée et les membres du mouvement indépendantiste pour les peuples indigènes du Biafra (IPOB), qui réclament l'indépendance de cette région à grande majorité igbo.

Dimanche, l'IPOB affirmait que cinq de ses membres avaient été tués, des propos aussitôt démentis par l'armée, les qualifiant de "fictionnels" et "très éloignés de la réalité".

Le chef de file du mouvement indépendantiste, Nnamdi Kanu, est poursuivi pour trahison et atteinte à la sécurité de l'Etat. Il est actuellement en liberté provisoire sous caution, en attendant le début de son procès à Abuja, qui devrait avoir lieu le mois prochain.

Il avait été libéré fin avril sous caution, mais ses 18 mois de détention - au cours desquels il n'a pas hésité à haranguer les foules et construire sa base de soutien populaire -, ont attisé les colères et le sentiment d'exclusion des Biafrais.

M. Ikpeazu a laissé entendre dans son appel au calme que l'opération militaire ('la danse du python II'), menée depuis la semaine dernière contre les kidnappings et le crime organisé particulièrement actif dans la région, sont à l'origine de l'escalade des tensions.

L'IPOB a affirmé mercredi que des soldats ont envahi la maison de Kanu à Umuahia (Etat d'Abia) et que quatre de ses supporters ont été tués alors qu'ils tentaient de leur bloquer le passage.

Ikechukwu Ugwoha, un représentant de l'IPOB, a assuré à l'AFP que "50 à 60 membres" de l'organisation étaient portés disparus.

Le président Muhammadu Buhari a déclaré le mois dernier, lors de son retour au Nigeria après un congé médical de trois mois, qu'il rétablirait l'ordre sécuritaire dans le pays, particulièrement aggravé depuis le début de l'année.

Le pouvoir fédéral voit dans ces montées contestataires une menace pour l'unité du Nigeria, alors que la guerre civile (1967-1970) reste un souvenir douloureux et quasiment tabou dans le pays.

Le blocus engagé contre le Biafra, coeur pétrolier du pays, avait empêché tout approvisionnement en nourriture et en médicaments. Plus d'un million de personnes en étaient mortes, notamment d'une famine dont les images avaient provoqué une vague d'indignation sans précédent dans les pays occidentaux.

Avec AFP