Le Burkina Faso face au terrorisme

Des militaires de l’armée burkinabè patrouillent à bord d’un véhicule près de l'ambassade de France dans le centre de Ouagadougou, Burkina Faso, 2 mars 2018.

Dans l’est du Burkina la situation est préoccupante : des fonctionnaires y ont abandonné leurs postes et des dizaines d’écoles ont fermé suite à des attaques ou des menaces ouvertes de présumés terroristes.

Dans une série de reportages, notre correspondant, Issa Napon retrace les difficultés liées à l’insécurité dans cette partie du pays frontalière avec le Niger.

Nous sommes à Fada, capitale régionale de l’Est. L’activité économique repose sur l’exploitation des ressources naturelles ainsi que l’élevage avec notamment l’un des plus grands marchés de bétail du pays. Mais depuis des mois, les choses tournent au ralenti.

Your browser doesn’t support HTML5

Le Burkina Faso face au terrorisme

La raison principale? L’insécurité liée à l’activité des groupes terroristes selon le Colonel Ousmane Traoré, gouverneur de la région de l’Est.

Colonel Ousmane Traoré, gouverneur de la région de l’Est, le 17 décembre 2018. (VOA/Issa Napon)

"L'Est est connu pour être une région ou sévissait le grand banditisme. Notre région est riche en minerai et on a pratiquement 75% de la faune représentée au Burkina Faso et ce qui a favorisé aussi leur installation, c’est que nous partageons trois frontières, le Benin le Niger et le Togo et un petit bout du Ghana; ce qui fait que quand ces gens-là opèrent très facilement ils arrivent à passer d’une frontière a l’autre sans être inquiétés ou sans qu’on ait pu prendre les dispositions nécessaires pour les arrêter".

A Fada, la méfiance et la prudence sont de mise au sein de la population. Une situation qui pèse sur l’activité économique et un poids terrible pour le fonctionnement de l’économie locale.

Des commerçants expliquent qu'ils "ne vendent rien, il n'y a même pas de marché".

"Beaucoup de gens ne viennent pas vers la région de l’Est. Nous qui vendons sur place les gens ne viennent plus comme avant. Les gens préfèrent aller directement à Pouytenga ou à Ouagadougou. Les gens ne viennent plus vers Fada".

Une situation précaire que vivent les cinq provinces de la région en proie au grand banditisme mais bien plus, explique le Colonel Ousmane Traoré, qui souligne qu'il "il y a deux groupes, en fonction de intérêts".

"Nous avons ceux qui sont installés à la frontière du Niger, dans la Komandjari, qui se sont adossés à des leaders religieux. Il y a le groupe qui est au niveau de la Kompienga, où il n’y avait pas de message religieux. Leur objectif : piller les ressources. On dit qu’ils sont des terroristes par rapport aux méthodes qui sont employés, les premières mines artisanales qui ont été utilisées, c’était dans cette zone contre les forces de défense et de sécurité. La plupart de ceux qu’on a pu appréhender sont allés au Mali se former et 80%, c’étaient des burkinabè".

Dès 20 heures, peu de commerces restent encore ouverts. Se pose alors la question de savoir ce que devient le groupe d’auto défense Koglwéogo de la région, qui s’est donné pour mission d’assurer la quiétude partout où les forces régulières ne sont pas présentes.

Django, chef Koglweogo, le 17 décembre 2018. (VOA/Issa Napon)

A 68 ans, l’un des leaders des Koglwéogo de Fada N’gourma pense que le manque de soutien de l’autorité leur a été préjudiciable.

"Avant que ces gens ne s’installent, j’ai averti la gendarmerie. J’ai dit, 'on a vu des gens qui veulent s’installer dans la forêt'. Pendant que la gendarmerie dit que si on donne des armes, nous seront un jour contre l’Etat. Tu penses que l’Etat va nous écouter ?".

Le gouvernement travaille à une stratégie pour en venir à bout de l’insécurité, tient à rassurer le gouverneur de la région de l’Est. Mais en attendant, les populations doivent continuer à vivre avec cette peur des lendemains incertains.