Le business de la friperie à Dakar

Les clients parcourent les tables des vendeurs au marché Colobane de Dakar, 17 juin 2017. (VOA/ Seydina Aba Gueye)

Chaque année, des dizaines de milliers de tonnes de vêtements d'occasion sont acheminées de l'Europe vers le Sénégal.

La majorité de ces colis atterrissent à Colobane, un quartier populaire de Dakar, qui accueille le plus grand marché de fripe du pays.

Ici, les grossistes importateurs sont les principaux fournisseurs des marchands qui, à leur tour, approvisionnent les clients.

Un étalage avec des vêtements d'occasions au marché de Colobane de Dakar, 17 juin 2017. (VOA/ Seydina Aba Gueye)

Un véritable business autour de ces habits qui font le bonheur de la population à faible pouvoir d'achat.

Communément appelés fripes, ces vêtements d’occasion sont pourtant acquis à prix d’or par les importateurs sénégalais.

Ibra Lo, ancien immigré en Italie, explique leur cheminement et les péripéties qui l’entourent.

"Pour un conteneur de 40 pieds, nous payons 4,7 millions francs ou 5 millions pour les frais de douane, ce qui est extrêmement difficile pour nous. Nous achetons les conteneurs de vêtements à 27.500 ou 30.000 euros ce qui fait environs 19 millions de nos francs si on y rajoute les 5 millions de la douane, la facture globale grimpe à presque 25 millions. C'est très compliqué d'autant plus qu'on livre la marchandise à crédit en attendant les remboursements des marchands aux détails, " affirme M. Lo.

Fallou Seck, vendeur au détail, estime, pour sa part, que le business de la fripe arrange toutes les parties prenantes car chacun y trouve son compte.

Un magasin grossiste à Colobane,17 juin 2017. (VOA/ Seydina Aba Gueye)

"Les prix varient entre 25.000 et 85.000 francs. Plus c'est cher, plus il y a des vêtements de qualité. Ainsi chacun achète selon ses moyens pour ensuite revendre au détail. Les clients viennent acheter ici car c'est plus facile et plus accessible. Avec 1.500 francs, un père de famille peut acheter des habits pour ces 5 gosses alors que si c'était des vêtements neufs il n'aurait même pas pu en habiller un. Certes l'idéal serait d'avoir des vêtements neufs mais tout le monde ne peut pas se payer ce luxe," fait remarquer M. Seck.

Des vêtements neufs, Aissatou Ba aurait aimé en avoir mais avec son faible pouvoir d’achat, elle préfère se rabattre sur les vêtements d’occasions

Les vêtements d'occasions exposés au marché de Colobane à Dakar, 17 juin 2017. (VOA/ Seydina Aba Gueye)

"Ça fait plusieurs années que je viens à Colobane pour acheter des vêtements car pour moi c'est la même chose que les boutiques de prêt-à-porter. Les vêtements d'occasion sont une aubaine pour nous car c'est très abordable. Après les avoir achetés, on désinfecte les vêtements, puis on les amène au lavage avant de les porter. On prend ses précautions pour éviter les maladies dermatologiques. Sinon c'est moins cher et ça nous permet de nous habiller convenablement," soutient Mme Ba.

A Dakar, le nom de Colobane est systématiquement lié à la vente de fripe.

Un marchad achemine des packs de fripes sur un chariot des magasins vers le marché pour la vente au détail à Colobane, 17 juin 2017. (VOA/ Seydina Aba Gueye)

Au fil des années, ce quartier populaire de la capitale sénégalaise est devenu la plaque tournante de la vente de vêtements d’occasions au grand bonheur d’une population qui n’a pas toujours les moyens de s’acheter du neuf.

Reportage de Seydina Aba Gueye à Dakar pour VOA Afrique