Le chef d'un comité anti-corruption suspendu pour "indélicatesses financières"

Des avocats passent devant des policiers qui montent la garde devant un tribunal qui doit statuer sur la demande de libération sous caution du dirigeant chiite Zakzaky à Kaduna, au Nigeria, le 29 juillet 2019.

Le président nigérian Muhammadu Buhari a suspendu mercredi soir de ses fonctions le responsable du comité chargé de recouvrir les biens spoliés de l'Etat, accusé de corruption et d'avoir falsifié ses diplômes.

Okoi Obono-Obla a été suspendu "avec effet immédiat", dans l'attente des résultats de l'enquête menée par la Commission gouvernementale chargée des affaires de corruption, l'ICPC, a annoncé la présidence sur Twitter.

Il fait face à une série d'accusations, dont "la falsification de dossiers et des indélicatesses financières", selon une lettre qui lui a été adressée par le gouvernement.

Il est notamment soupçonné d'avoir utilisé à son bénéfice des fonds saisis dans le cadre de ses fonctions, ainsi que d'avoir falsifié son dossier d'entrée à l'université.

Okoi Obono-Obla proclame son innocence, assurant qu'il est victime d'une cabale montée par des personnes poursuivies par ses services.

L'enquête qui le vise constitue un test pour M. Buhari, 76 ans, réélu en février pour un second mandat.

L'ancien général s'est engagé à lutter contre la corruption endémique au Nigeria, mais ses critiques l'accusent d'avoir surtout visé ses opposants au cours de son premier mandat.

Le Nigeria, première puissance pétrolière du continent, est placé au 148e rang des pays les plus corrompus au monde (sur 180) par Transparency International. La corruption y est un "cancer" selon les propres mots de M. Buhari.

L'ex-dictateur Sani Abacha, qui a dirigé le pays entre 1993 et 1998, aurait détourné à lui seul environ 4 milliards de dollars (soit 2 à 3% du PIB du pays chaque année, selon l'agence des Nations unies contre la drogue et le crime).

Début juin, le gouvernement de l'île anglo-normande de Jersey avait annoncé que près de 267 millions de dollars (238 millions d'euros) détournés par Sani Abacha avaient été saisis sur un compte bancaire hébergé dans ce territoire de la couronne britannique.