Le CIO défend sa méthode contre les Russes

Le président du CIO Thomas Bach avec le maire de Los Angeles Eric Garcetti et la maire de Paris Anne Hidalgo, à Lausanne, le 11 juillet 2017.

De "sérieux indices" de dopage contre les Russes écartés des JO de Pyeongchang: le président du CIO Thomas Bach a justifié mercredi le processus de sélection des sportifs, qui a provoqué des réactions de colère en Russie, où le Kremlin exclut cependant tout boycott des Jeux.

La légende du short track (patinage de vitesse sur piste courte) Viktor Ahn, le champion de biathlon Anton Shipulin, le fondeur Sergei Ustyugov, la patineuse Ksenia Stolbova... l'annonce des premiers noms de sportifs interdits de participer aux Jeux d'hiver en février par un panel mis en place par le Comité international olympique (CIO) a suscité l'ire de Moscou, obligé de laisser ces vedettes à la maison.

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Mais s'ils n'ont pas obtenu le visa olympique, c'est qu'il y avait de bonnes raisons de douter qu'ils soient totalement propres, a affirmé en substance le patron du CIO, Thomas Bach, sans pour autant préciser pour quel motif tel ou tel athlète avait été puni.

"Si tel athlète n'est pas sur la liste, alors le panel indépendant a de sérieux indices par différentes sources, par différents moyens (...) qui ne lui permettent pas de dire qu'il n'y a pas de soupçon sérieux", a déclaré Thomas Bach lors d'une conférence téléphonique.

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"Il peut y avoir un soupçon, il peut même y avoir une procédure en cours, il peut y avoir beaucoup de facteurs qui n'ont pas conduit à satisfaire le panel" présidé par l'ancienne ministre française des Sports Valérie Fourneyron, a-t-il insisté un peu plus tard, alors que des voix en Russie ont protesté contre le manque d'éléments à charge contre les athlètes visés.

- 'Discuter avec le CIO' -

Thomas Bach a précisé qu'il pouvait s'agir d'indices provenant du rapport McLaren sur un système de dopage institutionnalisé, d'analyses des données récupérées du laboratoire de Moscou, d'anomalies au niveau de l'ADN dans certains échantillons prélevés qui laisseraient supposer une manipulation, etc. Il a aussi évoqué le passeport biologique de l'athlète ou le profil stéroïdien.

Le CIO doit publier à la fin de la semaine la liste définitive des athlètes russes autorisés à participer aux JO-2018 sous l'appellation "athlètes olympiques de Russie". Ce mode de sélection avait été décidé le 5 décembre dernier, quand le CIO avait officiellement privé Moscou d'une délégation officielle à Pyeongchang, tout en laissant ouverte la participation de sportifs au-dessus de tout soupçon, sous bannière olympique.

Avant même cette sanction, 43 sportifs russes avaient déjà été bannis à vie de toute participation à des jeux Olympiques, pour avoir bénéficié d'un système de dopage institutionnalisé lors des Jeux d'hiver de Sotchi en 2014. Dans le cadre de ces sanctions, prononcées après les travaux d'une commission ad hoc (commission Oswald), la Russie s'est vue priver de 13 de ses 33 médailles remportées sur les bords de la mer Noire.

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Parmi les nouveaux cas écartés cette semaine, figurent des médaillés de Sotchi qui n'apparaissaient pas dans ce premier train de sanctions, comme Viktor Ahn, triple médaillé d'or en short-track en 2014, la patineuse Ksenia Stolbova (or par équipes, argent couple) ou encore le biathlète Anton Shipulin (or en relais).

"Ces sportifs (...) n'étaient pas mis en cause dans le cadre de la commission Oswald, ils n'ont jamais été impliqués dans une quelconque histoire de dopage et tous les échantillons qu'ils ont fournis pendant leur carrière témoignent du fait que ce sont des sportifs propres", avait déploré mardi le vice-président du Comité olympique russe (ROC) Stanislav Pozdniakov.

Pour autant, le Kremlin a de nouveau rejeté mercredi l'idée d'un boycott des JO de Pyeongchang.

"Le plus important, c'est de garder la tête froide, en premier lieu dans l'intérêt de nos sportifs qui, comme vous le savez, ont pris la décision dans la mesure du possible de participer à ces jeux Olympiques. Cette décision a été accueillie par tous avec compréhension", a indiqué à la presse le porte-parole du Kremlin, Dmitri Peskova.

"Il faut discuter avec le Comité international olympique et défendre leurs droits dans la mesure du possible", a ajouté le porte-parole.

Avec AFP