Le foot anglais à pas comptés vers une reprise

Harry Kane de Tottenham quitte le terrain lors d'un match contre Southampton, Angleterre, le 1er janvier 2020.

La Premier League anglaise est le championnat de football le plus suivi au monde... mais il peine à esquisser un plan de reprise, avec de timides avancées, quand d'autres pays d'Europe, comme l'Allemagne, songent déjà au terrain malgré la pandémie de coronavirus.

"Je pense que la Premier League peut finir" sa saison, a déclaré lundi l'attaquant de Wolverhampton Diogo Jota à la BBC. "Presque tous les pays du monde considèrent la Premier League comme l'un des championnats à suivre, donc c'est capital que nous finissions la saison", a-t-il argumenté.

Cette détermination à aller au bout est partagée par tous, autant pour des raisons d'équité sportive que de survie financière. Selon une étude du cabinet d'audit KPMG publiée en mars, un arrêt définitif de la saison de Premier League engendrerait une perte de 1,15 à 1,25 milliard d'euros, entre droits TV, revenus publicitaires et billetterie.

Mais la Premier League reste dans le flou et ses réunions régulières ont des airs de brainstormings pour trouver un plan qui tienne la route.

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Figurant parmi les pays les plus touchés en Europe par le Covid-19, avec plus de 21.000 morts dans ses hôpitaux, le Royaume-Uni n'est pas encore certain d'avoir passé le pic de la pandémie.

Difficile donc de se projeter alors que tout dépendra en grande partie des décisions gouvernementales concernant les mesures de confinement en place au moins jusqu'au 7 mai.

Et la prudence est de mise en Angleterre face à l'exemple de la Serie A italienne, refroidie par les annonces dimanche du chef du gouvernement Giuseppe Conte, qui a repoussé au 18 mai une possible reprise de l'entraînement des footballeurs.

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- Le "Project Restart" -

Si la reprise des compétitions n'agite pas encore le débat public, on s'active en coulisse et les clubs de Premier league avancent timidement leurs pions.

Lundi, quatre clubs, dont Arsenal, ont rouvert leurs centres d'entraînement aux joueurs, avec un accès très encadré et limité à des séances individuelles. D'autres clubs ont déjà demandé à leurs joueurs de se tenir prêt pour une reprise de l'entraînement la deuxième semaine de mai.

Ces mesures unilatérales ressemblent à des ballons d'essai.

Le Times a révélé lundi l'existence du "Project Restart" (projet redémarrage), une feuille de route pour finir la saison à tout prix.

Ce scénario prévoit de reprendre l'entraînement le 18 mai - avec des mesures de distanciation sociale à définir - pour trois semaines de préparation avant une reprise des matches le 8 juin.

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Les 92 rencontres de championnat, ainsi que 7 matches de la Coupe d'Angleterre, restant à disputer se tiendraient entre le 8 juin et le 27 juillet, à huis clos et dans un nombre réduit de stades pour limiter les déplacements.

Une version très dégradée du championnat mais qui montre l'ampleur des sacrifices auxquels le football anglais est prêt.

"Ce sera étrange. C'est une expérience horrible, quand vous êtes habitué à jouer devant un vaste public (...) mais nous allons jouer à huis clos pour des mois et des mois - probablement jusqu'à l'année prochaine. Il faudra se faire une raison", a estimé l'ancien joueur Gary Neville.

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- Un gouvernement bienveillant mais prudent -

Le Times assurait lundi que le gouvernement britannique verrait d'un bon œil un retour des compétitions sportives dès que les conditions le permettront, ne serait-ce que pour redonner le moral à des citoyens parfois critiques sur sa gestion de la pandémie.

"Essayer de trouver une façon d'avoir un sport respectant la distanciation sociale autant que possible, à huis clos et respectant les bonnes pratiques de santé publique, je pense que ça vaut le coup d'être exploré", a ainsi commenté à la radio le ministre de la santé Matt Hancock mardi, assurant ne pas connaître les détails du "Project Restart".

Il n'a, en revanche, pas voulu se prononcer sur la date du 8 juin.

"C'est faisable, mais il y a beaucoup de travail à faire (...) Tout dépendra de si l'on arrive à mettre en place ces choses pratiques, ainsi que de l'évolution du virus. C'est trop tôt à l'heure actuelle, ça je peux vous le dire", a-t-il poursuivi.