Selon un communiqué du ministère de l'Intérieur marocain publié vendredi soir, ces Syriens ont été "expulsés" par l'Algérie dans la zone frontalière maroco-algérienne, près de la ville de Figuig (nord-est), "contrairement aux règles de bon voisinage prônées par le Maroc".
Interrogée au téléphone par l'AFP, une source associative à Figuig, qui a requis l'anonymat, a précisé que les migrants syriens étaient toujours coincés samedi dans un no man's land entre les deux pays, sans accès à de l'eau ou de la nourriture.
La frontière terrestre entre les deux pays rivaux du Maghreb est fermée depuis 1994.
Selon Rabat, les autorités algériennes ont "autorisé" les Syriens à atteindre la zone frontalière répartis "en plusieurs groupes depuis la nuit du 17 avril" puis les ont "encerclés" pour les forcer à quitter le territoire algérien.
Les autorités marocaines "dénoncent les comportements inhumains des autorités algériennes à l'encontre de ces immigrants", des "femmes et d'enfants dans une situation très vulnérable", forcés d'effectuer ce périple avec les "contraintes" du relief accidenté et la forte chaleur.
Dans un communiqué publié samedi soir, le ministère marocain des Affaires étrangères a "exprimé sa profonde préoccupation", indiquant avoir "fait part à l'ambassadeur d'Algérie à Rabat des témoignages et des photos attestant irréfutablement que ces personnes ont traversé le territoire algérien avant de tenter d'accéder au Maroc" avec l'assentiment des autorités algériennes.
"L'Algérie doit assumer sa responsabilité politique et morale à l'égard de cette situation", selon les Affaires étrangères marocaines.
"Le drame humanitaire que vivent ces populations syriennes ne devrait pas constituer un élément de pression ou de chantage" ou être utilisé pour "semer le trouble au niveau des frontières maroco-algériennes", a-t-on ajouté de même source.
"De telles pratiques n'ont pour objectif que de susciter un effet d'appel et générer un flux migratoire massif et incontrôlable vers le Maroc", accuse encore le texte.
Mi-mars, une association marocaine de défense des migrants, le GADEM, avait fait état du sort d'une trentaine de migrants sub-sahariens arrêtés au Maroc puis bloqués dans le no man's land entre les deux pays car refoulés des deux côtés.
Le Maroc a adopté en 2013 une nouvelle politique migratoire et a lancé mi-décembre une deuxième campagne de régularisation d'immigrants clandestins, pour la plupart subsahariens.
Les autorités marocaines insistent régulièrement sur le caractère "humain et généreux" de cette politique, en contraste, selon elles, avec la politique migratoire du voisin et grand rival algérien.
Avec AFP