Le jury du prix "a estimé que les réfugiés et les migrants constituent l'une des principales problématiques actuelles, notamment en Méditerranée où environ 13.000 hommes, femmes et enfants ont péri depuis 2013", a déclaré dans un communiqué de l'Unesco le président du jury Joaquim Chissano, ex-président du Mozambique.
Giuseppina Nicolini et SOS Méditerranée ont été récompensés "pour leur travail pour sauver la vie des migrants et des réfugiés et aussi pour les accueillir dans la dignité", précise le texte.
Depuis son élection en 2012 à la mairie de Lampedusa, l'île italienne qui constitue l'une des principales portes d'entrée des migrants en Europe, Mme Nicolini "a fait preuve d'une humanité sans bornes et d'un indéfectible engagement dans la gestion de la crise migratoire et l'insertion des milliers de migrants arrivant sur les côtes de Lampedusa et partout en Italie".
"Je dédie ce prix à tous ceux qui n'ont pas réussi à traverser la mer et en ce moment j'ai vraiment envie de le dédier aussi à Gabriele Del Grande qui a été le premier à raconter les morts en Méditerranée et qui est, à présent, prisonnier en Turquie", a déclaré Giuseppina Nicolini.
Rome a demandé mardi la libération du journaliste Gabriele Del Grande, arrêté le 9 avril par les autorités turques à la frontière avec la Syrie alors qu'il interrogeait des réfugiés Syriens.
Le prix Félix Houphouët-Boigny, du nom de l'ancien président de la Côte d'Ivoire décédé en 1993, a été créé en 1989. Il est décerné tous les ans par l'Organisation des Nations unies pour l'éducation, la science et la culture (Unesco).
Parmi ses lauréats, figurent le président français François Hollande, Nelson Mandela et Frederik W. De Klerk, Yitzhak Rabin, Shimon Peres et Yasser Arafat, ou encore le président sénégalais Abdoulaye Wade.
SOS Méditerranée "a sauvé plus de 11.000 vies" depuis le lancement de son opération de sauvetage en février 2016 en Méditerranée, a encore souligné l'Unesco.
"Les gens à qui nous portons secours nous disent tous qu'ils fuient les violences, les viols, les persécutions de l'enfer libyen. Ce n'est en aucun cas la présence de bateaux en mer qui les poussent à partir", a expliqué à l'AFP Sophie Beau, cofondatrice de SOS Méditerranée, présente mercredi à Rome.
Dans un rapport cité en décembre par le Financial Times, Frontex-- l'agence européenne chargée du contrôle aux frontières -- avait évoqué une possible collusion entre les réseaux qui font partir les migrants de Libye et les navires privés qui les récupèrent en mer "comme des taxis".
Le parquet de Catane (Sicile) a, de son côté, ouvert une enquête afin de déterminer qui finance les ONG et dans quel but.
Avec AFP