Le parquet turc requiert deux peines de prison à vie contre Gülen

Fethullah Gulen parle aux médias de chez lui, en Pennsylvanie, le 17 juillet 2016.

Le parquet turc a requis deux peines de prison à vie et une peine supplémentaire de 1.900 ans d'emprisonnement à l'encontre de l'ex-imam Fethullah Gülen, accusé d'avoir ourdi le putsch avorté du 15 juillet, a rapporté mardi l'agence de presse turque Anadolu.

Dans l'acte d'accusation long de 2.527 pages approuvé par les procureurs de la région d'Usak (ouest), le prédicateur, exilé aux Etats-Unis et dont Ankara réclame l'extradition, est accusé d'avoir "tenté de détruire l'ordre constitutionnel par la force" et "formé et dirigé un groupe terroriste armé", précise Anadolu.

Gülen, 75 ans, bête noire du président Erdogan, qui vit en exil volontaire aux États-Unis depuis 1999, nie toute implication dans le coup de force. Il est accusé depuis des années d'être à la tête d'un "Etat parrallèle", en particulier depuis la révélation en 2013 d'un scandale de corruption impliquant M. Erdogan.

Dans leur acte d'accusation, les procureurs accusent le réseau Gülen, baptisé par Ankara "organisation terroriste Fethullah" (FETO), d'avoirinfiltré les institutions et les services de renseignement.

Le groupe s'est appuyé sur son réseau de fondations, écoles privées, entreprises, sociétés d'assurance ou encore médias pour prendre le contrôle des institutions turques, soutient l'accusation.

La FETO est accusée d'avoir rassemblé des fonds versés par des hommes d'affaire sous couvert de "dons", et d'avoir transféré l'argent aux Etats-Unis via des banques aux Emirats arabes unis, en Afrique du Sud, Tunisie, Maroc, Jordanie et Allemagne, rapporte Anadolu.

Une enquête avait été ouverte sur la FETO et son mode de financement en septembre 2015 par les procureurs de la région d'Usak. Depuis lors, 111 personnes ont été visées dans cette affaire et risquent entre deux ans de réclusion et la prison à vie. Treize suspects sont toujours en détention préventive.

Dès le surlendemain du coup avorté, le président Erdogan, promettant d'éliminer "le virus" factieux au sein de l'Etat, avait évoqué un possible rétablissement de la peine capitale, abolie en 2004 dans le cadre de la candidature d'Ankara à l'entrée dans l'Union européenne.

Plus tôt mardi, le Premier ministre turc Binali Yildirim s'était prononcé devant le parlement en faveur d'un "procès juste et impartial" pour M. Gülen, semblant faire marche arrière sur un possible rétablissement de la peine capitale.

"Gülen va rentrer en Turquie et il rendra des comptes", a-t-il martelé, plaidant pour un procès "juste et impartial".

"Une personne ne meurt qu'une seule fois lorsqu'elle est exécutée. Il existe des façons de vivre qui ressemblent davantage à la mort pour ces gens", a-t-il dit lors de sa harangue hebdomadaire devant les députés de la justice et du développement (AKP, islamo-conservateur) au Parlement.

Avec AFP