Le parti de Biya obtient plus de 3/4 des sièges à l'assemblée nationale

Le président camerounais Paul Biya au Forum de Paris pour la paix, en France, le 12 novembre 2019. REUTERS / Charles Platiau

Le parti du président camerounais Paul Biya, au pouvoir depuis 37 ans, a remporté vendredi sans surprise une majorité écrasante aux législatives du 9 février, marquées par le boycott d'une partie de l'opposition dans un pays en proie à des conflits meurtriers.

Le Rassemblement démocratique du peuple camerounais (RDPC) a ravi 139 sièges sur 180, selon des résultats partiels rendus publics vendredi par le Conseil constitutionnel.

La participation a été "modérée", à 45,98%, a affirmé le président du Conseil, Clément Atangana.

Il a présenté des résultats pour 167 des 180 sièges de l'Assemblée, puisque les scrutins pour 13 députés dans onze circonscriptions des deux régions anglophones du Nord-Ouest et du Sud-Ouest, avaientété annulés.

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Les électeurs de ces zones ravagées par un sanglant conflit séparatiste, qui avaient complètement boudé les urnes, soit par sympathie pour les indépendantistes anglophones, soit par crainte des représailles de leurs groupes armés, seront de nouveau appelés à voter dans un délai de 20 à 40 jours.

A l'annonce de la tenue du scrutin, reporté à deux reprises depuis 2017, une partie de l'opposition avait choisi de le boycotter, invoquant notamment les combats impitoyables entre l'armée et les groupes sécessionnistes dans ces zones habitées par la minorité anglophone, mais aussi les exactions et crimes commis, selon les ONG internationales, par les deux camps.

Plus de 3.000 personnes y ont été tuées et plus de 700.000 forcés de fuir leurs domiciles en trois ans, selon les ONG.

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Les élections partielles à venir ne remettront en aucun cas en cause l'archi-domination du RDPC et de ses alliés. Le parti de M. Biya, 87 ans, devance déjà largement tous ses concurrents réunis, raflant 139 sièges, contre 148 dans l'Assemblée sortante, élue en 2013.

Il est suivi d'un de ses alliés, l'Union nationale pour la démocratie et le progrès (UNDP), qui remporte 7 sièges.

Principal parti d'opposition représenté dans l'Assemblée sortante jusqu'à présent, le Social Democratic Front (SDF) n'obtient que 5 sièges, contre 18 en 2013.

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Malgré cet net recul, le SDF pourrait améliorer son score lors des partielles dans ses fiefs traditionnels du Nord-Ouest et du Sud-Ouest. Il partage pour lemoment la troisième place avec le Parti camerounais pour la réconciliation nationale (PCRN) de Cabral Libii, 39 ans, qui fait son entrée à l'Assemblée avec 5 députés.

Arrivé troisième à la présidentielle d'octobre 2018, M. Libii est lui-même élu député.

- Municipales sans suspense -

En tout, seuls 16 députés d'opposition ont été élus.

Signe de la force du parti de Paul Biya, Cavaye Yeguie Djibril, président de l'Assemblée nationale depuis 1992, a conservé son siège, et devrait être confirmé à son poste.

En même temps que les législatives se sont tenues les élections municipales, où la majorité présidentielle a triomphé de la même manière.

Le Mouvement pour la renaissance du Cameroun (MRC) de Maurice Kamto, arrivé deuxième à la présidentielle de 2018, avait appelé à boycotter le scrutin, et n'est donc plus représenté à l'Assemblée ni dans les conseils municipaux.

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Le MRC avait mis en avant le risque de violences dans les régions anglophones.

Les séparatistes avaient appelé les populations des Nord-Ouest et Sud-Ouest à ne pas se rendre aux urnes et menacé ceux qui le feraient, et le gouvernement avait renforcé sa présence armée pour protéger les électeurs.

Selon Amnesty International, une "hausse des homicides" avait été enregistrée "à l'approche des élections", même si, à l'exception d'un incident dans le Nord-Ouest, le jour du scrutin s'est déroulé sans violence.

Depuis le vote, les violences ont continué, de part et d'autre.

Le 14 février, 23 civils, dont au moins 15 enfants, ont été tués à Ntumbo, un village du Nord-Ouest, selon l'ONU.

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Diverses ONG en accusent les militaires et des supplétifs, à l'instar de Human Rights Watch (HRW) qui parle de "massacre" délibéré par "10 à 15 militaires" et au moins 30 miliciens peuls.

Le gouvernement, lui, dénonce des accusations "totalement infondées" et l'armée reconnaît seulement 5 civils tués dans un "accident malheureux": des échanges de tirs entre 6 militaires et des "terroristes" ayant abouti à l'explosion de conteneurs de carburants ou d'explosifs stockés par les séparatistes.