Le patron de l'armée rejette encore la transition réclamée par la contestation

Ahmed Gaïd Salah à Alger le 1er juillet 2018.

Le général Ahmed Gaïd Salah, chef d'état-major de l'armée algérienne a encore rejeté lundi la mise en place d'institutions de transition, réclamée par le mouvement de contestation pour organiser la succession du président déchu Abdelaziz Bouteflika.

Samedi, une centaine d'organisations de la société civile ont proposé une transition de six mois à un an, dirigée par une instance présidentielle ou un personnalité consensuelle, avec un gouvernement chargé de gérer les affaires courantes et l'installation d'une commission indépendante chargée d'organiser la présidentielle devant élire un successeur à M. Bouteflika, qui a démissionné le 2 avril.

Devenu de facto l'homme fort du pays, le général Gaïd Salah, qui multiplie les déclarations publiques, a réitéré lundi "l'attachement résolu" de l'armée algérienne "aux solutions légales et constitutionnelles pour résoudre la crise que traverse l'Algérie".

"La priorité aujourd'hui consiste à accélérer l'élection d'un président de la République dans les délais possibles constitutionnellement et acceptables dans le temps", a-t-il poursuivi, rappelant que "ces délais ont atteint aujourd'hui leur limite". "Trouver ces voies qui mèneraient aux présidentielles ne peut se faire qu'à travers le dialogue", a-t-il souligné.

Le Conseil constitutionnel a récemment constaté "l'impossibilité", faute de candidats, d'organiser la présidentielle convoquée le 4 juillet par le chef de l'Etat par intérim, Abdelkader Bensalah et a chargé ce dernier d'organiser un nouveau scrutin.

Mais le mouvement de contestation inédit, qui agite l'Algérie depuis le 22 février et a contraint M. Bouteflika à démissionner après 20 ans au pouvoir, continue de refuser que ses fidèles toujours aux manettes organisent le scrutin devant élire son successeur et réclame leur départ, notamment celui de M. Bensalah et du général Gaïd Salah.

La Constitution prévoit que M. Bensalah assure l'intérim jusqu'au 9 juillet, délai à l'issue duquel il est censé remettre le pouvoir à un nouveau président élu. Mais les différents délais (convocation, candidatures, campagne...) prévus par la loi électorale rendent impossibles l'organisation d'un scrutin d'ici cette date.

Le général Gaïd Salah a également mis en garde le peuple contre ceux qui "continuent à faire montre d'une opposition fondée uniquement sur le dénigrement d'autrui ou la formulation de nouvelles revendications et de propositions guère adéquates (...) tendant sciemment à faire perdurer la crise".

"C'est au nouveau président seul que revient la tâche de traduire concrètement sur le terrain le programme détaillé et précis des réformes", a-t-il répété.