Berlinale: première d'un film sur Anne Frank avec les migrants en toile de fonds

Une réplique du Journal d'Anne Frank affichée au Musée des enfants d'Indianapolis. (AP Photo/Michael Conroy/18 Mars, 2013)

Projeté en première mondiale, le premier biopic allemand consacré à Anne Frank se veut un appel "à une attitude plus positive envers les réfugiés" qui affluent en Europe.

"Si notre film sur le destin d'une famille juive persécutée et anéantie peut contribuer à une attitude plus positive envers les réfugiés, alors nous pouvons tous être fiers", a indiqué Fred Breinersdorfer, auteur du scénario du film "Das Tagebuch der Anne Frank" ("Le journal d'Anne Frank"), alors que l'Europe fait face à une crise migratoire sans précédent depuis la Seconde guerre mondiale.

"Les persécutions, les expulsions et les destructions sont des choses dont on ne peut simplement pas se débarrasser", a-t-il ajouté.

Le film, projeté mardi soir dans une section parallèle de la compétition officielle, raconte l'histoire de l'adolescente juive de 13 ans et de sa famille, des Allemands contraints de fuir aux Pays-Bas après l'arrivée au pouvoir des nazis à Berlin.

En 1940, l'armée allemande envahit les Pays-Bas, contraignant la famille Frank à se cacher à partir de 1942, lorsque sa sœur Margot est sommée de se rendre dans un camp de travail.

Dans son journal, la jeune Anne relate sa vie dans la clandestinité, entre juin 1942 et août 1944, date à laquelle sa famille est dénoncée.

Chronique de la vie des juifs persécutés dans une Europe sous le joug nazi, le journal a d'abord été publié en néerlandais en 1947 par son père, unique survivant de la famille.

Depuis, plus de 30 millions d'exemplaires ont été vendus dans le monde et l'ouvrage a fait l'objet de multiples adaptations, au théâtre, au cinéma et à la télévision.

"Si vous évoquez aujourd'hui son destin (...), que vous citez la phrase «celui qui sauve une vie, sauve l'humanité» (tirée du Talmud), alors, en tant qu'auteurs du film, nous avons accompli une grande chose", a déclaré le coproducteur Walid Nakschbandi lors de la projection.

- Une vie "volée" -

"Nous pensions (...) que ça serait vraiment important d'avoir un film dans un langage actuel, et aussi en Allemand parce que la famille vivait depuis 400 ans en Allemagne", a indiqué à l'AFP Yves Kugelmann, membre du Fonds Anne Frank, organisme détenteur des droits du livre.

Basé à Bâle (Suisse), le Fonds a ouvert ses archives à l'équipe du film qui a ainsi pu puiser dans 100.000 documents: textes, objets, photographies. Ainsi, chaque scène du film avait sa propre "source", a insisté Hans Steinbichler, le réalisateur.

"Pour moi, il était important d'enlever Anne Frank de (...) ce sacro-saint statut... Parce que c'était la seule façon de faire passer le message que ce qui lui avait été volé, c'est une vie normale", a-t-il expliqué.

C'est Lea van Acken, 16 ans, qui incarne une Anne Frank dans les affres de l'adolescence.

L'actrice allemande a confié au quotidien allemand Bild avoir relu de façon approfondie l'ouvrage afin de mieux rentrer dans le rôle. "Mais je me suis assise dans mon lit et je ne pouvais pas. J'ai senti tout à coup que c'était arrogant de ma part d'essayer de me mettre à sa place", a-t-elle raconté.

Elle a alors décidé d'écrire des "lettres à Anne dans lesquelles je lui dis des choses sur moi", a expliqué la jeune fille qui portait les cheveux courts à la première, après avoir dû les raser pour tourner la scène montrant l'arrivée de l'enfant à Auschwitz.

Anne Frank est morte du typhus dans le camp de Bergen-Belsen, dans le nord de l'Allemagne, en 1945.

AFP