"Beaucoup de gens s'attendent à ce que les combats s'intensifient maintenant que la saison sèche est de retour", a déclaré Yasmin Sooka, la chef d'une délégation du Haut-commissariat des Nations unies aux droits de l'Homme, lors d'une conférence de presse à Juba.
Mme Sooka s'exprimait au terme d'une visite de 10 jours de la délégation dans les villes clés de Bentiu, Malakal et Wau, à la rencontre de responsables gouvernementaux et de membres de la société civile.
"Il y a des niveaux sans précédent de violence et de tension ethnique partout au Soudan du Sud", a-t-elle ajouté.
"Toute notion d'identité nationale s'effondre et l'identité tribale ou ethnique prend le dessus. Je n'ai pas cessé d'entendre parler du désir de revanche", a-t-elle constaté.
Indépendant depuis 2011, le Soudan du Sud a plongé en décembre 2013 dans une guerre civile qui a fait des dizaines de milliers de morts et plus de 2,5 millions de déplacés, et a été marquée par des atrocités, dont des massacres à caractère ethnique.
Selon Mme Sooka, le gouvernement et les forces rebelles recrutent de force de nouveaux soldats, dont des enfants. "Ce recrutement renouvelé est un indicateur que toutes les parties se préparent pour le prochain conflit", a-t-elle jugé.
Les experts de l'ONU ont renouvelé un appel en faveur d'un embargo sur les armes, de sanctions, du déploiement de 4.000 soldats de maintien de la paix supplémentaires et de la création d'un tribunal spécial sur les crimes de guerre.
Les Etats-Unis ont aussi alerté mercredi contre une hausse attendue des violences.
"Nous avons des informations crédibles selon lesquelles le gouvernement sud-soudanais cible actuellement des civils dans (la région de) l'Equateur central, et se prépare pour des attaques à grande échelle dans les jours et les semaines à venir", a déclaré à Genève Keith Harper, le représentant américain au Conseil des droits de l'Homme.
"Ces deux dernières semaines, le gouvernement a mobilisé au moins 4.000 miliciens venus d'autres zones du Soudan du Sud et rassemblé ces combattants en Equateur pour mener ces attaques", a-t-il assuré.
A la mi-novembre, le conseiller spécial de l'ONU sur la prévention du génocide, Adama Dieng, avait affirmé devant le Conseil de sécurité avoir vu au Soudan du Sud "tous les signes qui montrent que la haine ethnique et le ciblage des civils peuvent déboucher sur un génocide si rien n'est fait pour l'empêcher".
Avec AFP