"Les magistrats sont indignés et la justice répugnée par le comportement désinvolte et puéril du ministre de la Justice", accuse dans un communiqué le Syndicat national des magistrats du Gabon (Synamag), dans un nouvel épisode d'un bras de fer entre les juges et le Garde des sceaux qui défraie la chronique depuis une semaine à Libreville.
Le 7 décembre, ce même syndicat avait dénoncé "les immixtions intempestives du pouvoir exécutif dans le pouvoir judiciaire", après la convocation par le ministre d'un juge d'instruction qui venait de décider de la remise en liberté provisoire d'un inculpé dans une affaire sous sa responsabilité.
En réponse à ces accusations, le ministre avait demandé des sanctions disciplinaires, ainsi que la suspension du magistrat concerné. Il avait surtout dénoncé "la corruption des magistrats, un fléau social auquel les Gabonais sont quotidiennement confrontés".
"Il n'est pas rare de voir les Gabonais payer de fortes sommes à un juge pour obtenir des décisions de justice en leur faveur", avait affirmé M. Nkéa, ajoutant cependant que "cela ne veut pas dire que tous les juges sont des corrompus".
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Le Garde des sceaux "n'a nullement répondu aux griefs qui lui avaient été faits, se contentant plutôt d'avancer de grossiers et honteux mensonges et de tenir des propos injurieux et diffamatoires pour le juge d'instruction concerné, le Synamag mais aussi l'ensemble des magistrats du Gabon", fustige le syndicat dans son nouveau communiqué.
Pour le Synamag, "cette communication théâtrale n'avait pas lieu d'être", et le ministre, avocat de profession agissant aujourd'hui comme un "auxiliaire de justice", s'est "disqualifié d'office".
"Commis d'un système, vous êtes très mal placé pour parler de la corruption dans la justice. Votre passif vous disqualifie pour vous présenter comme défenseur de la moralité dans les juridictions", apostrophe le syndicat.
Réunis en assemblée générale mercredi à Libreville, les magistrats ont décidé à l'unanimité d'une "grève générale illimitée" à compter de ce jeudi, "et ce jusqu'au départ du ministre", promet le Synamag, qui annonce son intention de porter plainte contre le Garde des sceaux pour "pour outrage, injures et diffamation".
"Les magistrats réclament la tête du ministre", titrait jeudi matin le quotidien pro-gouvernemental l'Union, alors que le ministre n'a pas encore réagi à cette grève.
Avec AFP