Les Musulmans, victimes d’épuration ethnique en Centrafrique selon un rapport de l’ONU

Des combattants anti-Balaka à une barrière au village Gbaguili, 340 km à l'ouest de Bangui,RCA , le 1er avril 2014, Photo Bagassi Koura.

Une commission d'enquête des Nations Unies revèle avoir trouvé des preuves d’épuration ethnique contre les musulmans dans la République centrafricaine, mais elle ne peut prouver que le génocide a eu lieu au cours des violences sectaires sans précédent qui ont fait des milliers de morts en Centrafrique.

Le rapport final de la commission publié jeudi révèle également que, bien que le bilan varie entre 3000 à 6000 morts, de tels chiffres sont une «sous-estimation drastique » du nombre de personnes tuées dans les combats sanglants qui se poursuivent du reste entre les chrétiens et les musulmans dans ce pays pauvre et enclavé.

La commission constituée de trois membres d'enquête accuse les parties opposées de crimes de guerre et crimes contre l'humanité. Elle pointe du doigt la milice chrétienne anti-Balaka pour l’épuration ethnique contre les musulmans. Elle prévient que "les principaux acteurs conservent évidemment une capacité importante de relancer la situation et déclencher un nouveau cycle de meurtres."

Charles Armel Doubane, ancien représentant de la Centrafrique aux Nations unies que la VOA a estimé que le nettoyage ethnique ne doit être imputé qu’aux seuls anti-Balaka.

« Il y a eu effectivement des crimes de masses dans les deux camps. Quand on doit faire des rapports, il ne faut pas qu’un seul camp ne soit avantageux, » a affirmé M. Doubane. Pour lui, il faut aujourd’hui établir les responsabilités et rendre justice aux victimes.

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Charles Armel Doubane joint par Felix Yepassis-Zembrou

Des milliers de musulmans ont fui la République centrafricaine. Les Nations unies décrivent ce déplacement forcé et mortel comme une épuration ethnique.

L'ONU considère le chaos centrafricain comme une crise humanitaire de haut niveau, au même rang que celle de la Syrie, de l'Irak et du Soudan du Sud. Pendant ce temps, un fragile gouvernement de transition s’efforce d’organiser les élections en Août 2015.

Une mission de maintien de paix de l'ONU a remplacé la force de l'Union africaine en Septembre. Elle fait face à une tâche énorme: ramener la paix dans un pays de la taille du Texas avec quelque 4,6 millions d’habitants et peu d'infrastructures. La vaste région du nord centrafricain était largement anarchique avant même que la violence éclaté et abrite un certain nombre de groupes rebelles.

Les rebelles de la Séléka, majoritairement musulmans, ont pris le pouvoir en République centrafricaine en Mars 2013, renversant le président qui régnait depuis une décennie. Leur chef a démissionné en Janvier 2014, déclenchant une série d'attaques de représailles par l'anti-Balaka.

La situation de sécurité reste si précaire que la commission d'enquête dit qu’il ne lui était pas possible de visiter la partie centrale du pays en raison d'une "atmosphère hostile et violente." Son rapport final, puis, se concentre sur ses visites dans la capitale, Bangui, et la partie occidentale du pays.

En Septembre, le procureur de la Cour pénale internationale a annoncé qu'elle ouvrait une nouvelle enquête sur les atrocités dont assassiner, le viol et la persécution pendant les combats en République centrafricaine depuis 2012.

La commission du rapport d'enquête recommande que la CPI et les tribunaux du pays s’impliquent combattre l'impunité et établir les responsabilités.