Avant la visite à Moscou du secrétaire d'Etat américain Rex Tillerson, les relations se sont tendues entre les Etats-Unis, qui ont appelé dimanche au départ du président syrien Bachar al-Assad, et les alliés de Damas, en particulier la Russie et l'Iran, qui ont eux menacé Washington de représailles.
Dans le cadre du palais ducal de Lucques, la réunion ministérielle annuelle du G7 devait être l'occasion d'aborder une série de sujets avec le nouveau chef de la diplomatie américaine: lutte contre le terrorisme, situation en Libye et en Ukraine, provocations nord-coréennes, accord sur le nucléaire iranien...
Mais l'attaque chimique présumée qui a fait 87 morts le 4 avril à Khan Cheikhoun, dans le nord-ouest de la Syrie, et les représailles américaines dans la nuit du 6 au 7 avril contre une base aérienne de l'armée syrienne, les premières en six ans de conflit, ont chamboulé l'ordre du jour.
Le ministre britannique des Affaires étrangères, Boris Johnson, a souhaité samedi que la réunion débouche sur un "message clair et coordonné" à confier à M. Tillerson pour la Russie en vue d'une solution politique en Syrie.
"Il est temps pour (le président russe) Vladimir Poutine de faire face à la vérité sur le tyran qu'il soutient", a précisé M. Johnson lundi matin. M. Assad "est maintenant toxique dans tous les sens du terme. Il empoisonne le peuple innocent de Syrie avec des armes qui ont été interdites il y a 100 ans et il empoisonne la réputation de la Russie".
Pour tenter de renforcer le consensus en marge des tables rondes qui doivent se succéder jusqu'à mardi midi, le ministre italien des Affaires étrangères, Angelino Alfano, a convoqué pour mardi matin une réunion élargie avec la Turquie, les Emirats arabes unis, l'Arabie saoudite, la Jordanie et le Qatar.
'Rendre des comptes'
Arrivé dimanche soir en Italie, Rex Tillerson s'est entretenu lundi lors de rencontres bilatérales avec ses homologues japonais, britannique et français, avant la première table ronde à sept (Etats-Unis, Japon, Canada, Allemagne, Royaume-Uni, France et Italie) qui a débuté à 16H30 (14H30 GMT).
Après cette session de deux heures sous les dorures renaissance du palais ducal, M. Alfano devait conduire les ministres pour un tour à pied de la cité fortifiée quasiment vidée de ses touristes en raison des mesures de sécurité, avant un dîner de travail à la mairie.
Dans la matinée, plusieurs des ministres ont participé à une cérémonie du souvenir à Sant'Anna di Stazzema, un village près de Lucques où 560 civils ont été assassinés par des soldats SS en août 1944.
"Nous nous engageons un nouvelle fois à faire en sorte que tous ceux qui commettent des crimes contre des innocents partout dans le monde aient à rendre des comptes", a déclaré M. Tillerson à cette occasion.
Dimanche, l'administration Trump, tout en réaffirmant que sa priorité restait d'anéantir l'organisation jihadiste Etat islamique (EI), s'est montrée particulièrement ferme envers le président syrien.
"Il n'y a aucune option avec laquelle une solution politique peut intervenir avec Assad à la tête du régime", a assuré l'ambassadrice américaine à l'ONU, Nikki Haley, reprenant un leitmotiv de Barack Obama qui n'avait pas semblé être une préoccupation pour Donald Trump.
Pour le ministre français des Affaires étrangères, Jean-Marc Ayrault, ces deux priorités vont de paire: "Il n'y aura pas de lutte efficace contre le terrorisme si on n'associe pas en même temps le règlement de la situation syrienne", a-t-il insisté lundi matin en appelant à "une transition politique".
Les frappes américaines ont également radicalisé le camp d'en face, alors que le régime de Damas a rejeté toute responsabilité dans l'attaque de Khan Cheikhoun.
"L'agression contre la Syrie outrepasse toutes les lignes rouges. Désormais, nous réagirons fermement à toute agression contre la Syrie", a affirmé dans un communiqué la "chambre d'opération conjointe", un organe basé en Syrie qui regroupe la Russie, l'Iran et les forces "alliées" dont le Hezbollah libanais.
Avec AFP