En début de matinée, le centre de Libreville était désert et totalement bouclé par la police et des blindés de la gendarmerie. Des scènes de pillages, sans violences, étaient rapportées dans des quartiers périphériques et les communications téléphoniques et internet ont été coupées
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Tout affrontement était terminé, mais les forces de l'ordre continuaient dans la matinée de procéder à des arrestations aux abords du QG de campagne de Jean Ping. On ignorait en revanche où Jean Ping avait trouvé refuge.
Le boulevard Triomphal, la grande artère qui traverse le centre de la capitale gabonaise, affichait jeudi matin les stigmates des violences : barricades encore fumantes, voitures calcinées et bâtiments attaqués.
"Il y a deux morts et plusieurs blessés de source sûre", a affirmé à l'AFP Jean Ping évoquant un premier bilan de l'assaut contre son QG, quelques heures après l'incendie de l'Assemblée nationale, point culminant des violences qui ont suivi la proclamation de la victoire à la présidentielle du président sortant Ali Bongo Ondimba.
"Ils ont attaqué vers 01H00 (locale, 00H00 GMT). C'est la garde républicaine. Ils ont bombardé par hélicoptères puis ils ont attaqué au sol. Il y a 19 blessés dont certains très graves", a expliqué à l'AFP Jean Ping qui a précisé qu'il ne se trouvait pas sur lieux.
La garde républicaine a chargé le bâtiment abritant le QG de campagne de M. Ping à la recherche de "criminels" responsable de l'incendie de l'Assemblée nationale, avait auparavant indiqué le porte-parole du gouvernement.
"Des personnes armées qui ont incendié le siège de l'Assemblée nationale se sont repliées au QG de Jean Ping en même temps que des centaines de pilleurs et de casseurs", avait déclaré à l'AFP le porte-parole, Alain-Claude Bilie-By-Nze.
La France, ancienne puissance coloniale, a exprimé sa "vive préoccupation", estimant qu'il n'y avait "aucune place pour la violence" dans un cadre électoral.
"Les événements de la nuit à Libreville suscitent ma plus vive préoccupation. Dans le cadre d'un processus électoral, il n'y a aucune place pour la violence", a déclaré le ministre français des Affaires étrangères Jean-Marc Ayrault dans un communiqué, en appelant "toutes les parties à la plus grande retenue, afin d'éviter de nouvelles victimes".
Mardi en fin d'après-midi, la commission électorale avait annoncé la réélection du président sortant pour un deuxième septennat avec 49,80% des suffrages devant son rival Jean Ping (48,23%), 73 ans, ex-cacique du régime du défunt Omar Bongo, le père d'Ali.
Cet écart marginal représente une différence de 5.594 voix, sur un total de 627.805 inscrits, dans ce petit pays pétrolier d'à peine 1,8 million d'habitants.
M. Bongo Ondimba, 57 ans, devrait sa réélection à son score écrasant dans son fief familial, le Haut-Ogooué, où il aurait obtenu 95,46% pour plus de 99% de participation.
L'opposition a réclamé un recomptage des voix dans tous les bureaux de vote et ses partisans sont massivement descendus dans la rue.
Haute tension
Dès l'annonce de la victoire controversée de M. Bongo, des troubles ont éclaté sur les grandes artères entre les forces de l'ordre et des opposants.
"On nous a volé les élections", criaient les manifestants, qui accusent Ali Bongo de poursuivre la dynastie installée par son père, président pendant 41 ans jusqu'à sa mort en 2009, et perpétuée par l'élection de son fils la même année.
"Nous déplorons lors de la manifestation de ce jour trois morts et plusieurs blessés", a accusé sur son compte Twitter Jean Ping. Le gouvernement a démenti qu'il y ait des victimes.
Au moment même des troubles, Ali Bongo s'est félicité d'une élection "exemplaire".
Comme l'opposition, l'Union européenne, la France et les Etats-Unis ont demandé la publication des résultats de tous les bureaux de vote du Gabon (environ 2.500).
Fait unique dans l'histoire politique du pays, le secrétaire général du Parti démocratique du Gabon (PDG), au pouvoir depuis des décennies, avait aussi pris ses distances avec le président sortant.
Le numéro deux du parti, Faustin Boukoubi, a encouragé mardi la commission "à prendre toutes les dispositions idoines afin de publier des résultats fondamentalement crédibles".
Depuis le vote dans la sérénité samedi, les deux candidats ou leur entourage s'étaient auto-proclamés vainqueurs.
Avec AFP