Tunis, qui nourrit des attentes avant tout économiques pour cette visite, avait déjà pavoisé lundi ses avenues pour accueillir le président français pour une visite d'Etat qui fait suite à celles effectuées au Maroc en juin et en Algérie en décembre.
Elle intervient alors que la Tunisie a été secouée début janvier par un mouvement de contestation qui a dégénéré en émeutes nocturnes avant que le calme revienne.
Dans ce "contexte particulier", Emmanuel Macron va exprimer "un message fort" de "soutien à la transition démocratique" de la Tunisie, seul pays rescapé du Printemps arabe de 2011, indique l'Elysée.
Le chef de l'Etat français prononcera un discours devant les députés jeudi matin, et rencontrera notamment du Quartet de dialogue national couronné du Prix Nobel de la Paix en 2015. La veille, il aura été accueilli mercredi au palais présidentiel de Carthage par son homologue Béji Caïd Essebsi, 91 ans, qui laisse planer le doute sur une candidature pour un nouveau mandat en 2019.
"La France étant notre premier partenaire économique et politique, on attend beaucoup de choses, notamment une augmentation des investissements, car la Tunisie a effectué des réformes pour être plus attractive", a expliqué le chef de la diplomatie Khemaïes Jhinaoui la semaine dernière à Davos.
Accompagné de plusieurs ministres et d'hommes d'affaires, dont les PDG des groupes de télécoms Orange (Stéphane Richard) et Free (Xavier Niel), Emmanuel Macron fera une série d'annonces, notamment sur la reconversion de la dette tunisienne vis-à-vis de la France.
"Les attentes des responsables tunisiens se situent principalement dans le domaine économique, dans la mesure où la France demeure le principal partenaire économique et commercial de la Tunisie. Au vu des manifestations récentes qui se sont déroulées et des tensions sociales que vit le pays, les Tunisiens seront tentés de demander à la France d'augmenter son aide au développement" explique à l'AFP le politologue tunisien Selim Kharrat.
Paris veut aider Tunis à sortir de la morosité économique et sociale dans laquelle le pays est englué depuis la "révolution de jasmin" de 2011. Grâce notamment à une reprise du tourisme, la croissance est repartie (2% en 2017), mais le chômage reste supérieur à 15% et dépasse 30% chez les jeunes diplômés.
Les autres priorités de la visite sont la sécurité, avec le dossier libyen et la question du retour des combattants jihadistes du front syro-irakien, mais aussi la francophonie. Emmanuel Macron inaugurera jeudi l'Alliance française du Grand Tunis, première des six établissements de ce type qui doivent ouvrir cette année.
"La relation entre les deux pays et les deux peuples gagnerait à changer. Ce qui rend importante la visite chez nous d'Emmanuel Macron, c'est qu'il semble attentif à la nécessité de ce changement (…) Ses déplacements dans certains pays d'Afrique (…) l'ont plutôt confirmé" écrit mardi le journal tunisien La Presse.
Menace climatique au Sénégal
De Tunis, le président rejoindra Dakar où il co-présidera vendredi, aux côtés de son homologue sénégalais Macky Sall, la conférence de "reconstitution des fonds" du Partenariat mondial pour l'Education, un fonds d'aide aux programmes éducatifs des pays moins favorisés, plus particulièrement pour scolariser les jeunes filles.
Son ambassadrice, la superstar Rihanna, pourrait les rejoindre ce jour-là à Dakar pour promouvoir le fonds, une visite non encore confirmée officiellement.
Emmanuel Macron y retrouvera une dizaine de chefs d'Etat africains et annoncera à cette occasion le montant des fonds recueillis auprès des donateurs publics et privés, que l'Elysée espère supérieur à deux milliards d'euros.
L'autre thème de son voyage est la menace climatique, avec une visite samedi à Saint-Louis, située sur la côte nord-ouest du Sénégal et rongée par l'érosion côtière. Son maire avait interpellé Emmanuel Macron lors du sommet One Planet le 12 décembre à Paris.
La Banque mondiale pourrait à cette occasion annoncer une aide pour protéger la langue de Barbarie, une bande de sable qui sépare l'océan du fleuve Sénégal, attaquée par la mer.
Avec AFP