Macron et Le Pen face aux manifestations du 1er mai en France

Des manifestants marchent derrière des bannières du 1er mai à Marseille, France, le 1er mai 2017.

A six jours du second tour de la présidentielle, les cortèges du 1er mai sont l'occasion pour de nombreux Français de manifester contre le centriste Emmanuel Macron et la cheffe de l'extrême droite Marine Le Pen, sur fond de clivages syndicaux.

Les deux candidats, eux, seront chacun en meeting avec leurs partisans.

L'union syndicale pour battre l'extrême droite, qui prévalait en 2002 lors de la qualification au second tour de la présidentielle de Jean-Marie Le Pen, le père de Marine, a volé en éclats. Les syndicats sont aujourd'hui divisés sur les consignes de vote et le mot d'ordre de cette mobilisation traditionnelle pour la fête du travail.

D'un côté, deux syndicats (CFDT et Unsa) ont appelé à voter pour le jeune centriste pro-européen le 7 mai et doivent manifester pour "rejeter la vision réactionnaire et identitaire du Front national", aux idées anti-immigration et anti-Europe.

De l'autre, trois organisations syndicales plus marquées à gauche (CGT, Solidaires et FSU) ont appelé à "faire barrage" à Marine Le Pen, sans pour autant inviter ouvertement à voter pour M. Macron, unex-banquier au projet jugé trop libéral. Un quatrième syndicat, Force ouvrière, s'est abstenu de toute consigne.

Si ces quatre organisations vont défiler ensemble, à partir de 12H30 GMT à Paris, pour en finir "avec les reculs sociaux qui font le terreau de l'extrême droite", elles pourraient être débordées en leur sein même.

'Peste ou choléra'

Certaines sections de ces syndicats ont en effet appelé "à battre les deux candidats". Ces militants, regroupés au sein d'un Collectif baptisé "Front social", vont défiler sous une banderole différente: "Peste ou choléra: Front social, c'est dans la rue que ça se gagne".

Le secrétaire général de la CGT, Philippe Martinez, s'est dit lundi "en profond désaccord" avec ceux qui opposaient dos à dos les deux candidats. Emmanuel Macron ou Marine le Pen, "ce n'est pas la même chose", a-t-il dit: "le Front national, c'est un parti raciste, xénophobe, anti-femmes et anti-salariés parce que c'est un parti aussi libéral".

Les syndicats "ne défendent pas les intérêts des salariés", mais "leur propre poste", a rétorqué lundi Marine Le Pen.

"Voir la CGT appeler à voter pour M. Macron, qui va (...) fragiliser l'ensemble des travailleurs, qui veut la dérégulation totale du droit du travail, c'est à tomber de sa chaise", a poursuivi celle qui veut abroger une loi du gouvernement socialiste libéralisant le droit du travail, loi contestée pendant des mois dans la rue par salariés et syndicats.

D'autres mobilisations, qui ne sont pas à l'initiative de syndicats, sont également prévues lundi comme celles de jeunes appelant à manifester "contre Le Pen et Macron" ou "une marche noire" contre l'extrême droite.

Le 1er mai 2002, 1,3 million de personnes étaient descendues dans la rue à Paris et dans toute la France, à l'appel des syndicats, pour "faire barrage par leur vote à Jean-Marie Le Pen". Ce dernier avait été largement battu face à Jacques Chirac en ne récoltant que 18% des voix.

Dans une France en proie à une désindustrialisation et un chômage endémique de 10%, la candidate de l'extrême droite, qui cherche à banaliser l'image de son parti, se présente comme la candidate "du peuple et des ouvriers".

M. Macron a dénoncé dimanche "une convertie récente" à la cause "du peuple" , estimant: "le peuple, elle l'utilise, ce qui est le propre des extrêmes, ce qui est le propre des vrais démagogues. Le peuple, elle s'en moque au fond".

Pour tenter de capter des voix parmi les électeurs des neuf candidats éliminés au premier tour, les deux candidats organisent chacun un meeting lundi, l'une en banlieue parisienne, l'autre à Paris.

Marine Le Pen cherche en particulier à séduire les 19,6% d'électeurs ayant voté pour le tribun de la gauche radicale Jean-Luc Mélenchon. Ce dernier s'est cependant farouchement prononcé contre elle dimanche, sans pour autant appeler à voter Macron.

L'écart se resserre entre les deux finalistes - Emmanuel Macron est crédité de 59% des intentions de vote contre 41% à Mme Le Pen.

Avec AFP