Mali : l'Etat reprend pied à Kidal, nouvelle trêve entre groupes armés

Des Casques bleus dans la base de la Minusma, à Kidal, Mali, le 22 juillet 2015.

Le gouverneur nommé par l'Etat malien pour la région de Kidal (nord-est) a annoncé mercredi avoir rejoint son poste, une première depuis 2014 dans ce fief des ex-rebelles touareg, qui ont accepté d'observer une nouvelle trêve avec les groupes armés pro-gouvernementaux.

"Je suis bien arrivé à Kidal. Tout se passe bien pour le moment", a déclaré par téléphone à l'AFP le gouverneur, Sidi Mohamed Ag Icharach. "On peut effectivement dire que c'est un début de retour de l'Etat sur place", a ajouté M. Ag Icharach, venu de Bamako, à plus de 1.500 km de Kidal.

"Le gouverneur de région est arrivé en tenue d'apparat. Il a été reçu royalement par les populations et par la CMA", la Coordination des mouvements de l'Azawad, formée d'ex-rebelles touareg, a déclaré à l'AFP un responsable de la coordination.

L'Etat malien n'avait pas repris pied à Kidal depuis mai 2014, lorsque des combats qui ont éclaté au cours d'une visite du Premier ministre de l'époque, Moussa Mara, s'étaient soldés par une lourde défaite de l'armée face aux ex-rebelles de la CMA.

Nommé en juin puis dépêché à Kidal pour une campagne de sensibilisation, le gouverneur Ag Icharach s'était vu interdit l'accès de la ville depuis deux mois par la CMA.

Il a pu enfin gagner son poste après l'annonce de la signature mardi d'une trêve entre groupes armés.

"La Mission de l'ONU au Mali (Minusma) a joué un grand rôle" pour aboutir à cette trêve, a affirmé à l'AFP Almou Ag Mohamed, chargé de communication de la CMA.

L'information a été confirmée de source proche du Groupe d'autodéfense touareg Imghad et alliés (Gatia), un mouvement pro-gouvernemental rival de la CMA.

"Le Gatia et la CMA ont engagé des discussions dans la localité d'Anéfis, au sud de Kidal, et sont tombés d'accord sur une trêve sur le terrain, marquée notamment par le gel des positions", a précisé à l'AFP une source sécuritaire au sein de la Minusma.

Les deux parties "ont accepté de ne pas faire usage de leurs armes", a-t-elle ajouté.

Malgré un accord de paix signé en mai-juin 2015, les combats avaient repris ces dernières semaines entre les groupes armés pro-gouvernementaux, réunis au sein de la "Plateforme", dont fait partie le Gatia, et les groupes de la CMA. Depuis deux ans, plusieurs trêves ont été annoncées puis rapidement rompues.

Le nord du Mali est tombé en mars-avril 2012 sous la coupe de groupes jihadistes liés à Al-Qaïda. Ces groupes ont en grande partie été chassés en 2013 à la suite du lancement, à l'initiative de la France, d'une intervention militaire internationale qui se poursuit encore actuellement.

Mais des zones entières du pays échappent encore au contrôle des forces maliennes et étrangères.

Avec AFP