Mali: un an de prison pour un chroniqueur radio, en son absence

Manifestation de soutien à Ras Bath devant le tribunal, Bamako, Mali, le 17 août 2016.

Un chroniqueur radio vedette contestataire malien, Mohamed Youssouf Bathily, dit "Ras Bath", a été condamné à 12 mois de prison pour "incitation à la désobéissance des troupes", a annoncé jeudi un de ses avocats.

La condamnation a été prononcée mercredi alors qu'il se trouvait à l'étranger, a précisé cet avocat, Me Ali Touré.

"Notre client a été condamné en son absence à 12 mois de prison ferme, et à 100.000 FCFA d'amende (environ 150 euros, ndlr). Nous avons boycotté le procès, parce que la cour a refusé d'accepter le renvoi de l'affaire pour permettre à M. Bathily, absent du Mali d'assister au procès et de se défendre", a indiqué Me Touré.

En août 2016, l'annonce de son interpellation et de sa comparution avaient entraîné des manifestations de protestation à Bamako, faisant un mort, des dizaines de blessés et d'importants dégâts.

Il a ensuite bénéficié d'un non-lieu partiel mais restait poursuivi pour "incitation à la désobéissance des troupes".

Dans une de ses chroniques sur une radio privée, il avait notamment évoqué la situation au sein de l'armée.

Si Ras Bath revient au Mali, il ne sera pas arrêté, parce que le tribunal n'a pas délivré de mandat d'arrêt et que la défense entend faire appel, ce qui suspendra l'exécution de la décision, ont affirmé ses avocats.

Porte-parole du Collectif pour la défense de la République (CDR), très populaire auprès d'une partie de la jeunesse, le chroniqueur est également un acteur important du mouvement d'opposition à la révision de la Constitution.

Il mène actuellement une campagne contre ce projet auprès de la communauté malienne en Europe.

Un autre activiste et chroniqueur malien actif sur Youtube, et partisan du non à la nouvelle Constitution, "Maréchal Madou", alias Madou Kanté, a survécu à une tentative d'assassinat mardi à Bamako, dont les mobiles n'ont pasété élucidés.

L'opposition réclame le retrait du projet de révision de la Constitution, sur laquelle la Cour constitutionnelle a demandé le 5 juillet des amendements, après le report sine die du référendum sur ce texte, initialement prévu pour le 9 juillet.

Cette révision vise notamment à mettre en oeuvre certains engagements de l'accord de paix signé en 2015 par le camp gouvernemental et l'ex-rébellion à dominante touareg du Nord et prévoit la création d'un Sénat et d'une Cour des comptes. Mais ses détracteurs lui reprochent de conférer trop de pouvoirs au président.

Avec AFP