Manifestation contre un projet de loi limitant la liberté de la presse à Khartoum

Des journalistes soudanais manifestent contre une proposition de loi qui restreindrait la liberté de la presse, à Khartoum, le 15 novembre 2017.

Des dizaines de journalistes soudanais ont manifesté mercredi à Khartoum contre un projet de loi qui vise à limiter encore un peu plus selon eux la liberté de la presse.

Les manifestants arboraient des pancartes avec des slogans comme "Unis contre la nouvelle loi" ou "Une presse libre ou pas de presse".

Selon eux, le projet de loi permet au Conseil national de la presse et des publications (NCPP), l'organe de régulation dirigé par le président Omar el-Béchir lui-même, d'interdire à tout journaliste d'exercer son métier pour une période indéfinie si ses écrits sont opposés à la politique du gouvernement.

Le gouvernement dirigé par le Premier ministre Bakri Hassan Saleh examine actuellement le projet de loi. S'il est approuvé, il sera soumis au Parlement pour approbation finale.

"La nouvelle loi menace la liberté de la presse et nous la rejetons donc catégoriquement", a déclaré à l'AFP Sadeq al-Rizeigat, président du Syndicat des journalistes soudanais.

Le texte autorise également le NCPP à interdire pendant 15 jours la publication d'un journal sans avoir besoin de décision de justice, a-t-il souligné.

Selon la loi actuellement en vigueur, le NCPP a besoin d'une autorisation de la justice s'il veut interdire un journal plus de trois jours.

Ce projet de loi est une "punition" pour les journalistes qui subissent déjà des restrictions, a indiqué pour sa part l'éditorialiste de renom Faisal Saleh.

Le NCPP a pour sa part défendu le texte.

"Nous pensons que le projet de loi améliore, en fait, la liberté de la presse", a déclaré Abdelkazim Awat, son secrétaire général.

"Nous pensons aussi que la liberté de la presse va de pair avec le sens des responsabilités, et la nouvelle loi vise à protéger le peuple", a-t-il ajouté.

Dans le classement mondial de la liberté de la presse établi par Reporters sans frontières, le Soudan se situe parmi les derniers pays.

Le puissant Service national du renseignement et de la sécurité (NISS) saisit fréquemment des exemplaires de journaux sans fournir d'explication.

Avec AFP