Fin septembre, le Parlement ougandais a adopté une motion autorisant un député du parti au pouvoir, le Mouvement de résistance nationale (NRM), à présenter devant cette Assemblée un projet de loi visant à amender la Constitution en vue de supprimer l'âge limite de 75 ans pour être élu président.
Pour que cet amendement soit effectif, le projet de loi devra être débattu puis adopté à la majorité des deux tiers lors de deux votes distincts espacés d'au moins 14 jours. Le Parlement ougandais est largement dominé par le parti au pouvoir. Aucune date n'a pour le moment été fixée pour ce débat.
Fin septembre, les travaux parlementaires ont tourné plusieurs jours d'affilée au pugilat, avant que des députés de l'opposition, scandalisés par le projet de réforme, ne soient évacués manu militari du Parlement.
Les parlementaires mènent actuellement des consultations au sein de la population pour recueillir leurs avis sur la question.
"Ces consultations ne doivent pas prendre la forme de manifestations illégales, de défilés illégaux, d'incitation à la violence et à la haine, l'utilisation de langage injurieux, d'actes de vandalisme de toutes sortes, d'intimation de toute personne perçue comme soutenant la suppression de la limite d'âge", a déclaré dans un communiqué le chef adjoint de la police, Assuman Mugenyi.
Dans ce pays, les autorités interdisent régulièrement les manifestations de l'opposition, et la plupart sont considérées comme illégales.
Mardi soir, la police a tiré des gaz lacrymogènes et des balles en caoutchouc contre une foule de centaines de partisans de l'opposition manifestant contre le projet de réforme dans la capitale Kampala.
Réagissant auprès de l'AFP à cette annonce, le leader de l'opposition au Parlement, Winnie Kiiza, a déclaré à l'AFP que cette décision de la police était "inconstitutionnelle". "Nous allons la contester par tous les moyens possibles", a-t-elle affirmé.
Le président Museveni, au pouvoir depuis 1986, n'en est pas à son coup d'essai. En 2005, la Constitution avait été modifiée pour supprimer la limitation à deux mandats présidentiels, lui permettant ainsi de briguer ses troisième, quatrième et cinquième mandats. M. Museveni avait alors soutenu que le Parlement était indépendant et qu'il respecterait la volonté du peuple, un argument réutilisé douze ans plus tard.
Avec AFP