Le "oui" l'emporte au référendum constitutionnel en Mauritanie

Le président mauritanien Mohamed Ould Abdel Aziz à Khartoum, Soudan, le 10 octobre 2016.

Le "oui" l'a largement emporté lors du référendum constitutionnel en Mauritanie, ce qui constitue pour le président Mohamed Ould Abdel Aziz une nette victoire que l'opposition refuse de reconnaître.

Le taux de participation s'est élevé à 53,73% et 85% des votants se sont prononcés en faveur des changements proposés via ce référendum, notamment l'abolition du Sénat, a fait savoir dimanche la commission électorale.

Quelque 1,4 million de Mauritaniens étaient appelés à se prononcer notamment sur le remplacement du Sénat par des Conseils régionaux élus et une modification du drapeau national, auquel seraient ajoutées deux bandes rouges pour "valoriser le sacrifice des martyrs" de la résistance à la colonisation française qui s'est achevée en 1960.

L'opposition radicale, réunie dans une coalition de huit partis et organisations, avait appelé au boycott du scrutin.

Cet appel au boycott avait obtenu le soutien d'un grand nombre de personnalités politiques, aussi diverses que des conservateurs religieux et des militants contre l'esclavage.

Lors d'une conférence de presse dimanche, des membres de cette coalition ont dénoncé "une farce électorale qui a ouvert la voie à fraude encore plus vaste", ajoutant que le peuple "avait clairement rejeté les amendements à la constitution".

Ils ont également fait savoir qu'ils ne reconnaîtraient pas les résultats du référendum, après avoir, dans un premier temps, affirmé que le vote avait été truqué par le gouvernement.

Un seul parti d'opposition, la Convergence démocratique nationale (CDN), avait appelé à voter non.

Un des principaux enjeux du scrutin, qui s'est déroulé à l'issue d'une campagne houleuse émaillée de violences lors de manifestations de l'opposition, était le taux de participation. Il a été de 36% à Nouakchott, la capitale, et a atteint jusqu'à 80% dans des zones rurales et isolées de l'ouest, selon la commission électorale.

'Coup de force'

Ancien général élu en 2009, réélu en 2014 pour cinq ans, après être arrivé au pouvoir par un coup d'Etat en 2008, le président Mohamed Ould Abdel Aziz a laissé entendre que cette modification de la Constitution ne serait probablement pas la dernière.

"Dans deux ans, voire dix ans, d'autres amendements peuvent intervenir pour adapter notre Constitution à nos réalités", a-t-il déclaré, alors qu'une partie de l'opposition le soupçonne de vouloir aller au-delà de son second mandat (le dernier selon les règles constitutionnelles actuelles).

Pendant la campagne, l'opposition radicale a crié au "coup de force" du président, qui avait passé outre au rejet de son projet de révision constitutionnelle par la voie parlementaire en convoquant le référendum.

Cette réforme a été élaborée en septembre-octobre lors d'un dialogue entre le pouvoir et l'opposition dite modérée.

Lors de la campagne électorale, le président a également fait face à une fronde du Sénat, pourtant majoritairement favorable au pouvoir, qui s'est cabré contre ce texte signifiant sa disparition.

Le dernier jour de la campagne, jeudi, a été à nouveau marqué par des interventions musclées de la police, qui a dispersé à coups de gaz lacrymogène et de matraque des opposants dans trois quartiers de Nouakchott. Le Bureau des droits de l'homme de l'ONU s'était alors dit "préoccupé" par le climat de la campagne.

Avec AFP