Theresa May arrive dans la capitale européenne dans une ambiance tendue, au lendemain d'une polémique créée par le président du Conseil européen Donald Tusk.
"Je me demande à quoi cette place spéciale en enfer ressemble, pour ceux qui ont fait la promotion du Brexit sans même l'ébauche d'un plan pour le réaliser en toute sécurité", a lancé M. Tusk qui dirige l'instance regroupant les chefs d'Etat et de gouvernement, lors d'un point presse avec le Premier ministre irlandais Leo Varadkar.
Ce commentaire a provoqué des réactions passionnées au Royaume-Uni.
La rencontre entre Theresa May et Donald Tusk est prévue à 15h00 (14h00 GMT). La Première ministre britannique aura au préalable rencontré le président de la Commission Jean-Claude Juncker à 11h00 et le président du Parlement européen Antonio Tajani, flanqué de son référent Brexit Guy Verhofstadt, à 14h00.
Lire aussi : Brexit : ferme fin de non-recevoir de l'UE aux exigences britanniquesLa tâche de Mme May s'annonce difficile, de son propre aveu, tant les Européens ont répété à l'envi que l'accord de retrait, que les 27 et le gouvernement britannique ont entériné fin novembre, n'était "pas ouvert" à la renégociation.
Mais tous continuent d'affirmer vouloir éviter le scénario redouté d'un Brexit sans accord à la date du 29 mars.
Londres, de son côté, s'appuie sur le vote de son parlement, qui a rejeté en masse ce compromis en début d'année.
- Piège du filet de sécurité -
Selon son porte-parole, Mme May s'apprête à reconnaître qu'il ne sera "pas facile" d'obtenir des changements et que l'accord de retrait a été "négocié de bonne foi".
Mais "le Parlement a voté à une majorité significative (...), envoyant un message sans équivoque que le changement est nécessaire", devrait argumenter la dirigeante, selon des éléments fournis à l'avance par Downing Street.
"L'objectif du Royaume-Uni est de trouver le moyen de garantir que nous ne pouvons pas être, et ne serons pas, piégés dans le filet de sécurité", devrait-elle également affirmer.
Cette disposition, souvent désignée par le terme anglais de "backstop", a été introduite dans l'accord de retrait comme solution de dernier recours destinée à éviter le retour d'une frontière physique sur l'île d'Irlande.
Ce dispositif prévoit que le Royaume-Uni resterait dans une union douanière avec l'UE, et la province britannique d'Irlande du Nord dans le marché unique pour les biens, afin d'éviter des contrôles douaniers et réglementaires physiques, si aucune autre solution n'est trouvée au cours des négociations sur la future relation entre Londres et l'UE.
Pour parvenir à ses fins, Mme May devrait chercher des changements au traité de retrait.
Selon Downing Street, trois options sont envisagées pour le backstop: une limite dans le temps, une sortie unilatérale décidée par le Royaume-Uni, ou un plan proposé par des députés basé notamment sur l'utilisation de technologies pour des contrôles douaniers dématérialisés.
Mais Bruxelles a déjà écarté les deux premières options par le passé et doute de la faisabilité de la troisième.
Mercredi, à l'occasion de la visite de Leo Varadkar à Bruxelles, Donald Tusk et Jean-Claude Juncker ont campé sur la position européenne.
"Nous ne pouvons pas accepter que l'accord de retrait soit rouvert" à la discussion, a martelé Jean-Claude Juncker en conférence de presse. "Et comme le +backstop+ fait partie de l'accord de retrait, nous ne pouvons pas rouvrir la discussion sur le +backstop+", a-t-il insisté.
Pour l'Union européenne, il s'agit non seulement de ne pas fragiliser les Accords de Paix de 1998 qui ont mis fin aux troubles en Irlande du Nord, mais aussi de préserver un principe de base du bloc: le marché unique.
Avec AFP