Mnangagwa salue le "début d'une nouvelle démocratie" au Zimbabwe

Emmerson Mnangagwa, ancien vice-président du Zimbabwe, à gauche, serre la main du président sud-africain Jacob Zuma lors d'une courte visite à Pretoria, Afrique du Sud, 22 novembre 2017.

L'ancien vice-président zimbabwéen de retour d'exil en Afrique du Sud a rappelé aux Zimbabwéens que le départ de Robert Mugabe du pouvoir avait sonné le "début d'une nouvelle démocratie".

Le nouvel homme fort du Zimbabwe Emmerson Mnangagwa a salué mercredi le début d'une "nouvelle démocratie" dans son pays au lendemain de la démission historique du président Robert Mugabe, dont il s'apprête à prendre la délicate succession.

Quelques heures après son retour d'un bref exil sud-africain, M. Mnangagwa a réservé son premier discours public de futur président à quelques centaines de partisans enthousiastes réunis devant le siège du parti au pouvoir, la Zanu-PF.

"Aujourd'hui, nous sommes les témoins du début d'une nouvelle démocratie", a-t-il lancé, avant d'appeler "tous les patriotes du Zimbabwe (...) à travailler ensemble".

Selon le scénario écrit par la Zanu-PF, l'ex-vice-président déchu doit prendre officiellement les rênes du pays vendredi, selon le président de l'Assemblée, Jacob Mudenda.

Agé de 75 ans, le "crocodile", ainsi qu'il est surnommé pour son caractère inflexible, tient sa revanche.

Fidèle de l'ancien président et de son régime, ce héros de la guerre d'indépendance, plusieurs fois ministre, avait été sèchement remercié le 6 novembre dernier, sur injonction de la Première dame Grace Mugabe à qui il barrait la route de la succession de son nonagénaire de mari.

Il avait alors quitté le pays pour des raisons de sécurité.

Son éviction a provoqué dans la nuit du 14 au 15 novembre un coup de force de l'armée, catégoriquement opposée à l'arrivée au pouvoir de l'incontrôlable Grace.

- 'Des emplois' -

Après avoir résisté plusieurs jours, Robert Mugabe a finalement rendu les armes mardi, alors qu'il était sous le menace d'une procédure de destitution lancée par son propre parti.

"Ma décision de démissionner est volontaire. Elle est motivée par ma préoccupation pour le bien-être du peuple du Zimbabwe et mon souhait de permettre une transition en douceur, pacifique et non violente", a écrit M. Mugabe dans sa lettre de démission.

Quelques heures après les manifestations euphoriques qui ont salué son départ, la population restait pleine d'espoir.

"Ce que je désire ardemment, c'est que le camarade Mnangagwa, notre père, crée des emplois", a souhaité Munyaradzi Zovemhunu, 34 ans, contraint de vendre des fleurs pour vivre.

Robert Mugabe a laissé derrière lui une économie en piteux état, détruite par ses réformes dévastatrices. L'activité y tourne au ralenti, l'argent manque, le chômage frappe 90% de la population et le spectre de l'hyperinflation rode.

"Nous voulons relancer notre économie, nous voulons des emplois", a promis M. Mnangagwa dans son discours. "Je me fais le serment d'être votre serviteur".

"J'étais presque en pleurs en écoutant notre nouveau président. Il m'a redonné l'espoir", a réagi McDonald Mararamire, un chômeur de 24 ans, "espérons que ses promesses se concrétisent".

Dans le pays, tous ne partagent pas son optimisme et certains redoutent même que l'euphorie ne tourne à la gueule de bois.

- 'Pas très propre' -

Le départ de Robert Mugabe "est un soulagement mais il ne faut pas trop s'emballer pour le nouveau", a averti Patrick Moyo, un banquier de 38 ans, "n'oublions pas qu'il n'est pas très propre".

Pilier de l'appareil sécuritaire zimbabwéen depuis quatre décennies, M. Mnangagwa s'est signalé comme le fidèle exécuteur des basses besognes de Robert Mugabe.

"Des dizaines de milliers de personnes ont été torturées, ont disparu ou ont été tuées" sous l'ère Mugabe, a insisté Amnesty International, appelant le pays à "renoncer aux abus du passé".

Aucun détail des négociations qui ont abouti à la chute de Robert Mugabe n'a filtré mercredi dans la presse locale, qui s'est contentée de saluer son départ à grand coup de titres chocs tels que "Adios Bob" ou "Adieu camarade président".

Exil dans un pays "ami" ou retraite dorée au Zimbabwe ? Le sort de l'ex-couple présidentiel restait mercredi toujours mystérieux.

En lui retirant la présidence du parti dimanche, la Zanu-PF avait privilégié la première option. "Il mérite du repos", avait indiqué le porte-parole du mouvement, Simon Khaye Moyo, "mais je crois qu'il a dépassé les limites de l'hospitalité de la population".

Le départ en douceur de Robert Mugabe, dernier dirigeant issu des guerres anticoloniales, a été salué dans les pays africains, où il disposait toujours de son aura de "libérateur".

Le président de la Guinée et président en exercice de l'Union afraicain (UA), Alpha Condé, a apporté son soutien au futur président du Zimbabwe mais a souhaité que les prochaines élections, l'an prochain, y soient "démocratiques".

"On doit respecter la démocratie, la démocratie c'est la volonté populaire", a déclaré M. Condé à Paris.

Avec AFP