"En raison de l'état avancé de décomposition, il n'a pas été possible de voir d'éventuelles blessures par balles. Il ne reste plus que des squelettes", a déclaré Armando Mude, porte-parole de la police mozambicaine dans le centre du pays, précisant que la mort remontait à plus de 45 jours.
"Les treize corps ont été enterrés samedi à proximité de l'endroit où ils ont été trouvés", a ajouté M. Mude.
Selon Antonio Zacarias, directeur de l'Ordre mozambicain des médecins, cité par le quotidien O Pais, les cadavres ont été mis en terre sans autopsie.
Fin avril, des fermiers avaient affirmé avoir découvert un charnier d'une centaine de villageois tués par les troupes gouvernementales, aux prises avec la branche armée de la Renamo, l'ancienne rébellion de la guerre civile (1976-1992) et désormais principal parti d'opposition.
Des journalistes s'étaient rendus quelques jours plus tard dans les montagnes de Gorongosa (centre), pour vérifier ou non l'existence d'une telle fosse commune, mais l'armée leur avait empêché l'accès au site. Ils avaient néanmoins pu photographier une quinzaine de cadavres éparpillés dans la forêt alentour.
La semaine dernière, Human Rights Watch avait appelé les autorités mozambicaines à mener une enquête "crédible et transparente" après "des informations sur la découverte d'un charnier et d'au moins 15 corps".
Mardi, la Ligue mozambicaine des droits de l'homme (LDH) a demandé l'ouverture d'une enquête des Nations unies pour "crimes de guerre" et "crime contre l'humanité".
Depuis janvier 2016, 83 exécutions sommaires dans le centre du pays ont été rapportées à la LDH, a déclaré la présidente de l'organisation, Alice Mabota, au cours d'une conférence de presse.
La LDH a affirmé être en possession de photographies prouvant l'existence de deux autres fosses communes dans le centre du pays et attend de clore son enquête pour donner plus de détails.
"Il est temps que les autorités reconnaissent officiellement (...) que nous sommes bien face à une situation de guerre civile", a déclaré Alice Mabota.
Les affrontements entre les troupes gouvernementales et la Renamo se sont intensifiés ces dernières mois dans le centre du pays et plus de 10 000 Mozambicains se sont réfugiés au Malawi, pays voisin, depuis décembre.
Avec AFP