Mpox: l'agence de santé de l'UA va "probablement" déclarer "une urgence de santé publique"

Le siège de l'Union africaine à Addis-Abeba, en Éthiopie, le 1er février 2022.

L'agence de santé de l'Union africaine Africa CDC (Centres de contrôle et de prévention des maladies du continent) va "probablement" déclarer la semaine prochaine "une urgence de santé publique" face à l'épidémie de Mpox, en cours dans plusieurs pays africains, a annoncé jeudi son directeur.

Une nouvelle souche de Mpox, également appelée variole du singe, détectée en République démocratique du Congo (RDC) en septembre 2023 puis signalée dans plusieurs pays voisins, fait craindre une propagation de ce virus.

Cette déclaration "d'urgence de santé publique", qui aura lieu "probablement" la semaine prochaine, est une première pour l'Africa CDC "depuis que ce mandat nous a été confié en 2023", a déclaré à des journalistes Jean Kaseya, son directeur.

"Nous prenons les mesures appropriées, nous décidons quand il y a une urgence, nous prenons les décisions appropriées et parlons d'une seule voix", a déclaré Jean Kaseya.

Au moins 16 pays du continent, sur 55, ont déjà enregistré des cas de Mpox, selon l'Africa CDC, avec 887 cas répertoriés la semaine dernière, et cinq décès.

La décision de l'agence continentale, qui va notamment permettre de débloquer des fonds et d'avoir une réponse continentale, intervient au lendemain de l'annonce par l'Organisation mondiale de la santé (OMS) d'une réunion "dès que possible" du comité d'urgence pour évaluer s'il faut décréter le plus haut degré d'alerte face à l'épidémie.

"Compte tenu de la propagation du Mpox en dehors de la RDC et de la possibilité d'une nouvelle propagation internationale à l'intérieur et en dehors de l'Afrique, j'ai décidé de convoquer un comité d'urgence (...) afin qu'il me conseille sur la question de savoir si l'épidémie constitue une urgence de santé publique de portée internationale", avait déclaré mercredi le directeur général de l'OMS, Tedros Adhanom Ghebreyesus.

Cette qualification est la plus haute alerte que l'OMS peut déclencher et c'est le chef de l'OMS qui peut la lancer sur les conseils du comité.

- Propagation -

Le Mpox a été découvert pour la première fois chez des humains en 1970 dans l'actuelle RDC (ex-Zaïre), avec la diffusion du sous-type Clade I (dont le nouveau variant est une mutation), principalement limitée depuis à des pays de l'ouest et du centre de l'Afrique, les malades étant généralement contaminés par des animaux infectés.

En 2022, une épidémie mondiale, portée par le sous-type clade 2, s'est propagée dans une centaine de pays où la maladie n'était pas endémique, touchant surtout des hommes homosexuels et bisexuels.

L'OMS avait alors décrété l'alerte maximale en juillet 2022 face à cette flambée de cas dans le monde, puis l'avait levée moins d'un an après, en mai 2023. L'épidémie avait fait quelque 140 morts sur environ 90.000 cas.

Mais la nouvelle souche du Mpox, détectée en RDC en septembre 2023 et baptisée "Clade Ib", puis signalée dans plusieurs pays voisins, fait craindre une propagation de ce virus. Elle est en outre plus mortelle et plus transmissible que les précédentes et se transmet de personne à personne.

La "Clade Ib" fait apparaître des éruptions cutanées sur tout le corps, quand les précédentes souches étaient caractérisées par des éruptions et des lésions localisées, sur la bouche, le visage ou les parties génitales.

Parmi les pays concernés figurent notamment le Kenya, le Burundi, le Rwanda ou encore la Côte d'Ivoire, mais c'est pour l'heure la RDC le pays le plus touché avec, au 3 août, 14.479 cas confirmés et suspects et 455 morts, soit une létalité d'environ 3%, selon l'Africa CDC.