Neuf responsables congolais frappés par de nouvelles sanctions de l'UE

Le président Joseph Kabila prononce un discours devant le Congrès au Palais du Peuple à Kinshasa, RDC, 5 avril 2017.

Le directeur de l'Agence nationale de renseignement (ANR), Kalev Mutondo ainsi que trois ministres ou anciens ministres du régime Kabila, sont au nombre des personnalités touchées par les sanctions de l'Union européenne (UE) pour de "graves violations des droits de l'homme".

L'Union européenne a décidé lundi d'infliger des sanctions individuelles à neuf responsables de l'appareil sécuritaire en République démocratique du Congo (RDC).

Cette liste, publiée au Journal officiel de l'UE, s'ajoute à celle de sept personnes soumises à des sanctions depuis décembre 2016 "en réponse aux entraves au processus électoral et aux violations des droits de l'Homme qui y étaient liées", a indiqué le Conseil de l'UE dans un communiqué.

Ces sanctions, qui touchent notamment le directeur de l'Agence nationale de renseignement (ANR), Kalev Mutondo, "impliqué dans l'arrestation arbitraire d'opposants et de militants de la société civile consistent en un gel des avoirs et une interdiction de voyager dans l'Union.

Parmi les responsables sanctionnés figure le porte-parole du gouvernement et ministre de la Communication, Lambert Mende, accusé d'être responsable de la "politique répressive menée envers les médias".

Le ministre de l'Intérieur Ramazani Shadari est sanctionné pour être responsable de l'arrestation d'activistes et d'opposants pour la répression violente contre des membres du mouvement Bundu Dia Kongo, la répression à Kinshasa en janvier et février dernier et celle dans les provinces du Kasaï.

Son prédécesseur, Evariste Boshab, est lui visé pour avoir réprimé des manifestations en 2016 à Kinshasa pendant lesquelles "de nombreux civils ont été tués ou blessés par les forces de sécurité".

Le gouverneur du Kasaï central, Alex Kande Mupompa (exécutions extrajudiciaires), l'ancien gouverneur du Haut-Katanga Jean-Claude Kazembe (répression au cours de laquelle 12 civils ont été tués), le commandant de la 31e Brigade des Forces Armées de la RDC, Muhindo Akili Mundos (exécutions extrajudiciaires et massacres) sont également sur la liste.

- exécutions de femmes et d'enfants -

Tout comme le général de brigade Eric Ruhorimbere (exécutions de miliciens, de femmes et d'enfants) et le chef du service de renseignement, Kalev Mutondo,

Le neuvième sanctionné est le chef de milices Gédéon Kyungu Mutanga qui a "contribué à de graves violations des droits de l'homme et à des crimes de guerre tels que des exécutions de civils au Katanga" (sud-est) et est actuellement actif au Kasaï.

Interrogée par l'AFP à Kinshasa, une source gouvernementale congolaise a refusé de réagir officiellement.

"C'est très préoccupant", a néanmoins déclaré ce responsable sous le couvert de l'anonymat, accusant l'UE de chercher à "déstabiliser la RDC, comme la Libye ou l'Irak".

Les sanctions interviennent au moment où l'UE reste "gravement préoccupée par la détérioration de la situation en RDC". La "crise dans le Kasaï a atteint une ampleur exceptionnelle sur le plan à la fois sécuritaire, humanitaire et des droits de l'homme", selon le communiqué publié à Bruxelles.

Depuis septembre 2016, la région du Kasaï (centre du pays) est secouée par la rébellion de Kamwina Nsapu, chef traditionnel tué en août lors d'une opération militaire après s'être révolté contre les autorités de Kinshasa.

Selon l'ONU, ces violences ont fait plus de 400 morts et causé le déplacement de 1,27 million de personnes. D'après le député d'opposition Delly Sesanga, le bilan de ces violences est de plus de 3.000 morts.

L'UE "exprime son inquiétude" quant aux retards pris par la "transition" politique, tandis que le président Joseph Kabila est toujours au pouvoir plus de cinq mois après la fin de son mandat.

Avec RDC