Nigeria : l'armée évacue des corps de militants chiites "par camion" après des violences

Des chiites défilent lors du 40e anniversaire de la cérémonie religieuse de l'Achoura dans le village de Dakasoye, dans le nord du Nigeria, à la suite d'un attentat suicide qui a tué au moins 21 personnes près de Kano, le 27 novembre 2015.

L'armée nigériane évacuait lundi les corps des victimes des violents affrontements de ce week-end dans le nord du pays entre soldats et militants d'un mouvement chiite, le sort de son chef restant inconnu, selon le porte-parole du mouvement et des habitants.

L'armée a donné l'assaut samedi et dimanche à Zaria contre les militants du Mouvement islamique du Nigeria (IMN) pro-iranien, après un incident ayant impliqué le convoi du chef d'état-major des armées. Les affrontements ont fait de nombreuses victimes, selon les témoignages, mais aucun bilan précis n'était encore disponible lundi.

"Selon nos informations, les dépouilles de nos membres tués autour de la maison de notre dirigeant sont en train d'être évacuées par les soldats par camion. Je ne peux pas donner le chiffre précis du nombre de morts mais c'est énorme", a déclaré le nouveau porte-parole de l'IMN Ibrahim Musa à l'AFP.

Parmi les victimes se trouvent en effet l'ancien porte-parole du groupe, le numéro deux de l'IMN, l'épouse du chef du mouvement Ibrahim Zakzaky et l'un de ses fils, tués lors de l'attaque de la maison du chef défendue par des centaines de militants, a précisé M. Musa, ajoutant que la maison et une mosquée ont été détruites.

"Je confirme que l'épouse de notre chef, Zeenat Ibrahim, et son fils Ali font partie des victimes. Notre porte-parole Ibrahim Usman a aussi été tué", a-t-il déclaré.

"Nous ne connaissons pas le sort de notre dirigeant sur lequel nous avons eu des informations contradictoires, certains disant qu'il a été (capturé) par des soldats et d'autres qu'il a été tué", a précisé M. Musa.

Bashir Bello, un habitant, a confirmé à l'AFP que "de nombreux militants ont été tués par balle" en voulant protéger la maison du chef et que les corps étaient évacués "par camion".

L'armée s'était contentée dimanche d'évoquer "des pertes humaines", sans plus de détails.

Les militaires étaient présents en nombre lundi dans la zone où ils ont établi des points de contrôle, fouillant les véhicules et les habitants qui entraient dans le quartier.

Les affrontements ont débuté samedi lorsque l'armée a accusé les fidèles chiites, qui menaient une procession, d'avoir attaqué et "tenté d'assassiner" le chef d'état-major Yusuf Buratai, dont le convoi était bloqué par la procession. Une version démentie par l'IMN.

Les relations entre les autorités nigérianes et l'IMN, qui souhaite imposer un Etat islamique à l'iranienne, sont tendues depuis longtemps et ont déjà conduit à des confrontations. Le chef de l'IMN, Ibrahim Zakzaky, a déjà été emprisonné plusieurs fois.

Le nord du Nigeria est majoritairement musulman et sunnite.

Avec AFP