Obiang Nguema, une présidence sans partage en Guinée équatoriale

Le président Obiang Nguema lors de son arrivée à l'aéroport Viru Viru, en Guinée équatoriale, le 22 novembre 2017.

Teodoro Obiang Nguema, président tout-puissant de la Guinée équatoriale, qui affirme avoir déjoué un putsch fin décembre et a renforcé depuis son emprise sécuritaire sur le pays, dirige sans partage depuis 1979 ce petit Etat pétrolier d'Afrique centrale hanté par la crainte du coup d'Etat.

Doyen des chefs d'Etat en exercice du continent pour la longévité au pouvoir, Obiang, 75 ans, est arrivé au pouvoir par un putsch mené par des officiers qui ont renversé Francisco Macias Nguema. Il était à la tête du pays depuis l'indépendance de l'Espagne en 1968.

Ce dernier avait précipité la Guinée dans la terreur, multipliant meurtres et exactions et traumatisant durablement le pays.

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A la tête de la junte, Teodoro Obiang Nguema a fait fusiller Macias Nguema, son oncle. De cet épisode, il gardera la hantise du coup d'Etat et s'appliquera à bâtir des services de sécurité omnipotents sous son autorité directe.

Aujourd'hui, sa sécurité privée est gérée par des Israéliens et la Guinée équatoriale fait souvent appel aux services de la Corée du Nord pour de la formation de policiers et militaires.

'L'un des pays les plus corrompus'

D'abord chef d'un pays sans grandes ressources et traité avec suffisance par les autres présidents africains, la découverte de pétrole dans les eaux équato-guinéennes au début des années 1990 va changer la donne.

Le pays devient riche, se targue d'avoir l'un des PIB par habitant les plus importants d'Afrique, et investit massivement dans les infrastructures.

Parallèlement, la Guinée équatoriale est régulièrement citée par les ONG comme étant l'un des pays les plus corrompus au monde, préférant investir dans des hôtels particuliers luxueux en Europe plutôt que dans l'éducation ou la santé.

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Le fils du président, Teodorin Obiang, a été condamné à Paris en octobre à trois ans de prison et 30 millions d'euros d'amende dans l'affaire des "biens mal acquis". Il a fait appel, et reste à Malabo désigné comme le probable dauphin de son père.

Lui n'en a cure et affiche à l'envi son mépris pour toutes les critiques "occidentales" de sa gestion et des violations des droits de l'homme.

Fort de ses pétro-dollars, il continue d'accueillir nombre de ses congénères chefs d'Etat du continent aux fins de mois ou de régime difficiles. Yahya Jammeh, menacé de sanctions et d'extradition liées à sa gouvernance dictatoriale en Gambie pendant 22 ans, a trouvé début 2017 à Malabo un refuge.

'Dix tentatives de putsch ratés'

Mais, si Jammeh a été chassé du pouvoir gambien par les urnes, Obiang, qui est candidat du parti au pouvoir, à la présidentielle de 2022, ne craint pas les élections mais le putsch.

"On est en train d'organiser une guerre car ils disent que j'ai passé beaucoup de temps au pouvoir", a-t-il déclaré samedi en appelant ses compatriotes à la "vigilance" pour éviter que ce "on" ne renverse son régime.

Le président affirme avoir déjoué au moins dix tentatives de coup d'Etat ou d'assassinat depuis son accession au pouvoir en 1979.

En 2004, un ex-officier des forces spéciales britanniques SAS, Simon Mann, avait été arrêté avec 61 autres mercenaires présumés en 2004 à Harare où il récupérait des armes avant de rejoindre Malabo.

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Après un procès fortement médiatisé et mis en scène par le pouvoir et aboutissant à une condamnation à 34 ans de prison, l'homme a finalement été gracié quelques semaines avant la présidentielle de 2009. Il a récemment témoigné dans le procès du fils Obiang à Paris, du côté de Teodorin.

A chaque tentative de putsch qui échoue, Malabo répond par des accusations et de la répression, faisant tantôt une purge dans l'armée (2002), tantôt en pointant du doigt l'opposition comme responsable (2004).

Dimanche, Malabo a affirmé que la récente tentative de putsch déjoué - après qu'une trentaine d'hommes armés eurent été interpellés au Cameroun -, avait été orchestré par des "militants de partis d'opposition radicale".

Le parti CI, première opposition à Obiang dans le pays qui a fait 5% aux dernières élections et dénonce depuis des arrestations en masse, a réfuté ces accusations et dénonce un "montage".

Avec AFP