Rejet de la demande de mise en liberté provisoire du général Mokoko

Ce matin au Palais de justice de Brazzaville où est jugé le général Mokoko. (Ngouela Ngoussou/VOA)

La chambre d’accusation de la Cour d’appel de Brazzaville a rejeté la demande de mise en liberté provisoire en faveur du général Jean Marie Michel Mokoko qui doit rester en prison. Ses avocats contestent cette décision du juge, tandis que l’Observatoire congolais des droits de l’Homme (OCDH) parle d’une "instrumentalisation de la justice".

Face à cette nouvelle inculpation, les avocats du général Jean-Marie Michel Mokoko ont déposé une demande de mise en liberté provisoire qui a finalement été rejetée par le Parquet.

Les avocats se disent "déçus", et appellent à la "nullité de la dernière infraction" qui ne s'appliquent pas sur les partis politiques.

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Reportage de Ngouela Ngoussou, correspondant à Brazzaville pour VOA Afrique

L’issue de l’audience tenue à huis clos à la chambre d’accusation de la cour d’appel de Brazzaville a été cinglante pour les proches de Mokoko.

Pas de liberté, soit-elle provisoire, pour l’officier supérieur congolais. Le juge a estimé que le prévenu n’offrait pas suffisamment les garanties pour rentrer chez lui et attendre sereinement le jour de son procès public.

Les avocats du général ont manifesté leur déception. "C’est une décision de la déception. Aucun élément juridique aujourd’hui ne permet de maintenir le général Jean Marie Michel Mokoko en prison", a déclaré, à la sortie de l’audience, Eric Yvon Ibouanga, l’un des avocats du général Mokoko.

Pour le directeur exécutif de l’OCDH, la décision du juge vise plutôt à museler tous ceux qui continuent à contester la victoire du président Denis Sassou N’Guesso, proclamé vainqueur de l’élection présidentielle de mars dernier. «

"On voit que c’est l’instrumentalisation de la justice. Est-ce que le fait d’avoir contesté la victoire de Sassou N’Guesso et annoncé les manifestations avec des moyens pacifiques peut être qualifiée comme incitation de trouble à l’ordre public ?", s’est interrogé Trésor Nzila Kendet, appelant les magistrats à "ne pas s’amuser avec les droits des citoyens".

Mercredi dans l’après-midi, la cour d’appel de Brazzaville avait notifié au général Mokoko, en présence de ses avocats, une troisième inculpation portant sur "incitation de trouble à l’ordre public".

Pour Me Ibouanga, ce chef d’inculpation est illégal et ne devrait pas concerner son client qui n’a pas de parti politique.

La loi congolaise adoptée en 2006 sur les partis politiques prévoit en effet cette infraction. Mais les avocats ont estimé que cette loi ne s’applique que dans le cadre strict des partis politiques. Ils ont ainsi qualifié de "nullité" toutes les accusations portées contre l’officier supérieur congolais.

Il s’agit d’atteinte à la sureté intérieure de l’Etat, de la détention illégale d’armes et de munitions de guerre ainsi que d’incitation de trouble à l’ordre public, formulé mercredi. Toutes ces inculpations ont été confirmées ce jeudi par la chambre d’accusation de la cour d’appel de Brazzaville.

La procédure sur l’affaire Mokoko va donc se poursuivre.

Les avocats ont annoncé introduire prochainement une nouvelle demande de mise en liberté provisoire. Le procès s'ouvrira début septembre, à la fin des vacances judiciaires à Brazzaville.

Passé par l'École supérieure militaire de Saint-Cyr, en France, le général Mokoko a été jusqu'à début février représentant spécial de la présidente de la Commission de l'Union africaine (UA) en Centrafrique.

Il a démissionné début février de son poste de conseiller du président Sassou Nguesso chargé des questions de paix et de sécurité, qu'il occupait depuis 2005, pour se porter candidat à l'élection présidentielle de mars, où il a recueilli moins de 14% de voix.

Le scrutin a été remporté par M. Sassou Nguesso, avec plus de 60% de suffrages au premier tour, des résultats contestés par cinq opposants, dont le général Mokoko.

De Ngouela Ngoussou, à Brazzaville