Pas question de collaboration militaire entre les États-Unis et la Russie dans l'immédiat

Le secrétaire de la défense James Mattis lors de son audience à Capitol Hill à Washington, le 12 janvier 2017.

Les Etats-Unis auront un dialogue politique avec la Russie de Vladimir Poutine, mais ils n'envisagent pas "maintenant" de collaborer avec elle au plan militaire, a affirmé jeudi à Bruxelles le secrétaire américain à la Défense James Mattis.

M. Mattis s'exprimait à l'issue d'une réunion à l'Otan, au cours de laquelle il a donné des assurances sur l'engagement des Etats-Unis auprès de l'Alliance, en se disant impressionné par "la force du lien transatlantique".

A la question de savoir s'il était possible aujourd'hui d'avoir confiance dans la Russie, avec laquelle l'Otan a des relations très crispées, James Mattis a répondu: "La question avec la Russie, c'est qu'ils doivent se conformer au droit international comme on l'attend de toute nation raisonnable sur cette planète".

"Nous ne sommes pas dans la position maintenant de collaborer au niveau militaire, mais nos dirigeants politiques vont échanger et essayer de trouver des terrains d'entente", a ajouté le nouveau chef du Pentagone.

Il s'agit de faire en sorte que la Russie "respecte ses engagements et revienne à un partenariat ou à une forme de partenariat avec l'Otan". "La Russie devra d'abord s'en montrer digne", a poursuivi James Mattis.

L'Otan a décidé de renforcer la présence militaire sur son flanc Est comme jamais depuis la fin de la Guerre froide, en raison de l'attitude jugée menaçante de la Russie depuis l'annexion de la péninsule ukrainienne de Crimée en 2014.

Quatre bataillons multinationaux d'un millier d'hommes chacun sont en cours de déploiement dans les trois pays Baltes et en Pologne.

Or, fin janvier, peu après l'entrée en fonction du président américain Donald Trump, la Maison Blanche s'était dite ouverte à l'idée de mener des opérations militaires conjointes avec Moscou contre les jihadistes de l'organisation Etat islamique (EI) en Syrie.

Washington prêt à coopérer si cela "sert" ses intérêts

Washington est prêt à coopérer avec Moscou si cela "sert" les intérêts américains selon le secrétaire d'Etat Rex Tillerson à l'issue d'une première rencontre avec son homologue russe Sergueï Lavrov en marge d'une réunion du G20 à Bonn.

Le secrétaire d'Etat Rex Tillerson, à gauche, avec le ministre russe des Affaires étrangères Sergei Lavrov, à droite, lors du G20 à Bonn, le 16 février 2017.

"Les Etats-Unis envisageront de coopérer avec la Russie quand nous trouverons des domaines de coopération pratique qui serviront les intérêts du peuple américain", a déclaré M. Tillerson.

"Lorsque nous ne serons pas d'accord, les Etats-Unis défendrons leurs intérêts, leurs valeurs, et ceux de leurs alliés", a ajouté M. Tillerson.

Le responsable américain, qui effectue sa première sortie internationale depuis son entrée en fonctions début février, a également demandé à Moscou de "respecter les accords de Minsk et de contribuer à la désescalade de la violence en Ukraine".

Ces déclarations, les premières du secrétaire d'Etat américain, interviennent dans un contexte où la relation russo-américaine est au centre de toutes les interrogations: le président Donald Trump a promis un rapprochement avec Moscou mais les propos contradictoires se sont multipliés depuis.

Juste avant l'entretien, M. Lavrov avait pour sa part réaffirmé que Moscou n'intervenait pas "dans les affaires intérieures des autres pays".

Il était interrogé sur la polémique qui secoue Washington au sujet des liens supposés entre l'entourage de Donald Trump et la Russie.

La controverse a déjà coûté son poste à Michael Flynn, ancien conseiller à la sécurité de Donald Trump, soupçonné d'avoir évoqué des points sensibles avec un haut responsable russe avant que la nouvelle administration américaine entre en fonctions.

"Nous avons beaucoup de questions à discuter. J'espère que pour chacun de ces thèmes nous pourrons déterminer les paramètres de notre coopération", a ajouté M. Lavrov.

Avec AFP