Plus de 4,5 millions d'euros versés à plus de 2.500 enseignants "fictifs" au Niger

Dans une salle de Classe à Niamey, Niger, le 21 février 2016. (VOA/Nicolas Pinault)

L'Etat nigérien verse chaque mois plus de 3 milliards de FCFA (4.573.470 euros) à 2.565 enseignants "fictifs" dans cinq des huit régions du, a révélé lundi la Halcia, l'organe gouvernemental de lutte contre la corruption.

"Ce sont plus de trois milliards de FCFA que l'Etat verse chaque mois à ces enseignants sur seulement cinq des huit régions du pays", a indiqué Salissou Oubandoma, vice-président de la Haute Autorité de lutte contre la corruption et infractions assimilées (Halcia) qui a publié les "résultats provisoires" d'une enquête diligentée en juin par le gouvernement.

Ces enseignants sont composés de "contractuels":"1.917 qui n'existent pas du tout" sur les listes officielles d'émargement et "648" qui y figurent "deux ou trois fois", a expliqué Salissou Oubandoma à la télévision publique.

Au cours de cette enquête, "70.000 enseignants ont été passés au peigne fin" dans la capitale, à Dosso (sud-ouest), Agadez (nord), Diffa et Tahoua (ouest), a-t-il indiqué.

L'enquête a été menée "école par école" par des gendarmes et des civils. Les résultats des régions de Zinder (centre), Maradi (centre-sud) et Tillabéri (ouest) seront divulgués prochainement, a-t-il assuré.

Selon les syndicats, les agents "contractuels" représentent environ "80%" du corps des enseignants du pays.

Faute de budgets conséquents pour recruter des enseignants titulaires, les autorités font appel depuis une dizaine d'années à des "contractuels", souvent sans aucune formation, pour dispenser des cours dans le primaire, le secondaire et dans les écoles professionnelles.

A titre de rénumération, un "contractuel" reçoit "un pécule mensuel de 75.000 à 100.000 FCFA" (114 à 152 euros), a dit M. Oubandoma. Globalement, l'Etat nigérien débloque quelque "7 milliards de FCFA" pour la seule rémunération des "contractuels" de l'éducation, a-t-il noté.

A ce jour, les autorités "ignorent jusqu'au nombre exact de contractuels et les sommes qui leur sont précisément consacrées", a confié à l'AFP un responsable d'une institution financière internationale.

Les autorités "soupçonnent" des fonctionnaires de tenir "des listes parallèles" pour "détourner de l'argent" alloué aux enseignants, selon ce responsable.

Avec AFP