Dans les rues de Pointe-Noire, la ville pétrolière, les populations sont partagées sur le procès du général Mokoko qui se déroule à Brazzaville.
"A la veille du procès, il y a eu une parade de la police ici. Des rafles ont été opérées sur la jeunesse à Ngoyo et dans certains quartiers de Ntiétié. Donc on est très prudent pour parler de ce procès", témoigne un habitant du quartier Mpaka qui préfère garder l’anonymat.
"C’est un procès… Pouf ! C’est du cinéma… Bon, on attend jusqu’à la fin pour voir ce qui sera décidé, mais on n’y croit pas", ajoute un autre habitant de Pointe-Noire.
"Il y a surtout le ras-le-bol. Les disent qu’il faut qu’on en finisse et passer à autre chose", conclu un jeune de Mawata, après avoir suivi la diffusion d’une audience dans un hôtel. Lui aussi préfère garder l’anonymat lorsqu’il s’exprime sur VOA Afrique par peur des représailles.
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Mais il y en a qui estiment que l’effet Mokoko de 2016 s’est déjà émoussé à Pointe-Noire.
"Le Congolais oublie vite. L’engouement qu’il y a eu voici deux ans n’existe plus. Son interpellation a refroidi certaines volontés. Ce n’est plus la même chose aujourd’hui, même si le procès a réveillé Mokoko en nous", indique un Ponténegrin.
Au quartier Ntietié, l’un des centres névralgiques de la ville, on édite déjà des CD des premières audiences du procès. Des vidéos qui se vendent comme des petits pains, mais à la sauvette.
"Ceux qui les vendent ne les exposent pas. Cela se vend en cachette ici à Pointe-Noire, car la majorité des opposants ont été bien reçus ici. A défaut de suivre le procès en direct, on achète les CD", déplore un jeune.
D’autres personnes ne s’intéressent plus à la politique, et donc à ce procès.
"Je n’ai pas eu le temps de suivre ce procès, j’ai été tellement prise ces derniers temps", avoue une ménagère.
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Pointe-Noire, la ville qui a largement voté pour Mokoko lors de la présidentielle en 2016 suit le procès dans un climat marqué, dès le premier, jour par l’arrestation d’une vingtaine de jeunes appartenant au mouvement Ras-le-bol.
Yelsi Koulessi, coordonnateur de Ras-le-bol à Pointe-Noire : "En fait, on n’a pas réellement manifesté. Nous sommes allés déposer un plaidoyer au tribunal pour dire qu’il fallait libérer le général Mokoko et les autres détenus politiques. C’était cela notre requête. Mais ils se sont dit que la meilleure méthode, c’était de nous arrêter. Ils ont pris 22 de mes collègues. Ils sont toujours détenus à la DDST. Nous sommes sans nouvelles de nos camarades de lutte."
Pour Franck Loufoua Bessi, secrétaire général de la Rencontre pour la paix et les droits de l’homme, une ONG basée à Pointe-Noire, il faut que les autorités privilégient la sérénité de la ville.
"Nous déplorons la dramatisation de la situation y compris par les autorités et les services de sécurité, il s’agit du procès d’un individu et il y en aura d’autres. Plutôt que de promouvoir un climat de terreur, il serait mieux d’apaiser la situation, que la justice se fasse sans psychose et de laisser les populations vaquer à leurs occupations."
Pointe-Noire se sent ainsi concernée par ce procès et attend impatiemment le verdict du juge.