Cet attentat, le troisième à Bagdad en autant de jours, a été revendiqué par le groupe jihadiste Etat islamique (EI), cible d'une offensive des forces irakiennes qui cherchent depuis la mi-octobre à le chasser de Mossoul, son dernier grand fief en Irak.
La puissante explosion s'est produite en milieu d'après-midi dans une zone de concessions automobiles dans le quartier de Bayaa, dans le sud de Bagdad, a précisé à l'AFP un responsable du ministère de l'Intérieur.
Une épaisse colonne de fumée s'élevait du quartier dévasté par la déflagration, a constaté le correspondant de l'AFP.
Sur le lieu de l'attaque, des dizaines de voitures ont été détruites par le feu alors que des flaques de sang étaient visibles au sol.
Des responsables de la sécurité étaient sur place pour enquêter tandis que des civils bouleversés étaient à la recherche de proches.
Les équipes de secours peinaient à faire leur travail tant l'explosion avait été puissante, a indiqué un responsable du ministère de l'Intérieur en soulignant que le bilan risquait de s'alourdir.
"Une attaque terroriste à la voiture piégée a frappé près de la zone de concessions automobiles à Bayaa", a indiqué dans un communiqué un porte-parole du commandement militaire en charge de la capitale irakienne.
Un responsable du ministère de l'Intérieur a fait état de 52 morts et plus de 50 blessés, un bilan confirmé de sources hospitalières.
"Il y a beaucoup de victimes, pas seulement une ou deux", s'émeut Nasser, un jeune portant des gants latex tachées de sang. Il se trouvait près du lieu de l'explosion et est venu aider les blessés.
"Il y en avait un ici, nous l'avons porté", raconte-t-il en pointant du doigt l'endroit derrière lui ou se trouvait le blessé. "Nous avons trouvé une main ici, une jambe et un coeur là, tout."
Le lieu de l'attaque est un terrain vague utilisé pour un marché de voitures d'occasion où des centaines de personnes attendent toute la journée de pouvoir vendre leurs voitures et discutent du prix avec des acheteurs potentiels.
"Il y a toujours deux ou trois personnes autour de chaque voiture" sur ce marché, souligne Nasser, expliquant le lourd bilan.
Le groupe jihadiste sunnite EI a revendiqué l'attaque en affirmant avoir visé "un rassemblement de chiites", dans un communiqué diffusé par son agence de propagande, Amaq.
L'explosion a touché le même quartier visé mardi par un attentat à la voiture piégée, qui avait fait quatre morts.
Mercredi, l'EI avait déjà revendiqué un attentat suicide dans le quartier à majorité chiite de Habibiya, près du vaste quartier de Sadr City, dans le nord de Bagdad. Un kamikaze y avait fait exploser sa voiture piégée, tuant 11 personnes.
Responsables d'atrocités dans les zones sous son contrôle et d'attentats dans plusieurs pays arabes et occidentaux, l'organisation extrémiste considère comme hérétique la communauté chiite, majoritaire en Irak.
L'attentat de jeudi est le plus meurtrier à Bagdad depuis une attaque au camion piégé revendiquée par l'EI dans le quartier de Karrada qui avait coûté la vie à 320 personnes en juillet 2016.
Malgré ses revers au cours des derniers mois et la perte de terrain en Irak et en Syrie voisine, le groupe jihadiste parvient toujours à frapper en menant des attentats particulièrement meurtriers.
Depuis le lancement, le 17 octobre, de l'offensive des forces irakiennes pour reconquérir Mossoul (nord), la deuxième ville du pays, Bagdad fait ainsi face à une recrudescence d'attentats de l'EI.
Le 2 janvier, alors que le président français François Hollande était en visite en Irak, un attentat suicide à la voiture piégée revendiqué par le groupe jihadiste avait tué au moins 35 personnes à Sadr City.
Soutenues par la coalition internationale antijihadistes dirigée par les Etats-Unis, les forces irakiennes ont repris le mois dernier la partie orientale de Mossoul, rencontrant une résistance farouche de la part des combattants de l'EI.
Elles se préparent maintenant à lancer l'offensive pour reconquérir la partie occidentale, de l'autre côté du fleuve Tigre, plus densément peuplée.
Outre la lutte contre l'EI, qui s'était emparé en juin 2014 de vastes pans du territoire irakien, le pouvoir irakien est englué dans une crise politique.
Il fait face depuis 2015 à un mouvement de contestation qui réclame une amélioration des services publics, des réformes politiques et accuse la classe politique de corruption ainsi que de népotisme.
Avec AFP