Près de 40 tués en 24 heures dans des attaques au Mali

Des passagers d'un bus partant de Bamako pour Gao, le 11 mars 2013.

Près de 40 personnes, dont plus de la moitié de civils, ont péri dans des attaques au Mali en l'espace de 24 heures, au moment où l'ONU donnait aux signataires de l'accord de paix de 2015 deux mois pour prouver leur bonne volonté.

La situation semble particulièrement se détériorer dans le centre du Mali, aux confins du Burkina Faso et du Niger, zone dans laquelle se concentrent les premières opérations de la force conjointe antijihadiste du G5 Sahel, organisation régionale regroupant ces trois pays, la Mauritanie et le Tchad.

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Vingt-six civils, dont six femmes et quatre enfants, ont péri jeudi dans l'explosion d'une mine au passage de leur véhicule, parti de Djibo, au Burkina Faso à destination de la foire hebdomadaire de Boni, dans le centre du Mali, selon un dernier bilan de la gendarmerie de Boni.

Un précédent bilan fourni par un habitant et proche des victimes s'élevait à 23 morts, mais le comptage et l'identification pour déterminer les nationalités se sont avérés difficiles, les victimes étant calcinées.

"C'est un carnage. Il n'y a pas de survivant", a déclaré à l'AFP Abdoulaye Cheick, habitant de Boni et parent d'un des tués, parmi lesquels figurent "sept personnes d'une même famille".

Une source de sécurité malienne a incriminé "les terroristes qui utilisent ces mines pour semer la terreur".

Le 6 novembre, cinq civils, dont une adolescente, avaient été tués lorsque l'autocar qui les amenait vers une foire hebdomadaire avait roulé sur une mine près d'Ansongo (nord-est). Cette attaque n'avait pas été revendiquée.

Par ailleurs, également dans le centre du pays, l'armée malienne a annoncé avoir tué sept assaillants et perdu deux militaires en repoussant deux attaques jihadistes présumées aux premières heures jeudi.

Les militaires maliens, qui ont eu deux tués dans l'attaque d'un poste de sécurité à Youwarou, tuant cinq assaillants, ont ensuite "découvert deux autres corps sans vie de terroristes", portant le bilan à sept morts parmi les auteurs de l'attaque, selon un communiqué de l'armée.

Désertions et grogne dans l'armée

L'autre attaque, qui n'a pas fait de victime, selon l'armée, s'est produite dans le secteur où 37 gendarmes maliens avaient déserté la semaine dernière pour se diriger vers Bamako, où ils ont été mis aux arrêts dans l'attente de leur comparution en conseil de discipline.

Autre signe du malaise au sein de l'armée, un sergent a été arrêté dans le centre du Mali cette semaine et transféré à Bamako pour avoir publié une vidéo dans laquelle il critiquait la hiérarchie militaire et la gouvernance du pays.

"Malgré un premier rappel à l'ordre, un sous-officier s'épanche toujours et encore dans les réseaux sociaux, il est puni donc pour indiscipline militaire", a commenté l'armée malienne sur sa page officielle Facebook.

Par ailleurs, deux douaniers maliens ont été tués mercredi un peu plus à l'ouest, à environ 200 km au nord de Bamako, dans une attaque qui a coûté la vie à l'un de ses auteurs, selon des sources de sécurité.

Le Conseil de sécurité de l'ONU a sommé mercredi les signataires de l'accord de paix de 2015, gouvernement malien et groupes armés, d'en relancer l'application, sous peine de sanctions.

Le nord du Mali était tombé en mars-avril 2012 sous la coupe de groupes jihadistes liés à Al-Qaïda. Ces groupes en ont été en grande partie chassés par une intervention militaire internationale, lancée en janvier 2013 à l'initiative de la France, qui se poursuit actuellement.

Mais des zones entières du pays échappent encore au contrôle des forces maliennes et étrangères, régulièrement visées par des attaques, malgré la signature de l'accord, censé isoler définitivement les jihadistes, mais dont l'application accumule les retards.

Depuis 2015, ces attaques se sont étendues au centre et au sud du Mali et le phénomène gagne les pays voisins, en particulier le Burkina Faso et le Niger.

Face à la dégradation de la situation aux confins de ces trois pays, le G5 Sahel a réactivé en 2017, avec le soutien de la France, son projet de force conjointe antijihadiste, initialement lancé en novembre 2015.

Avec AFP