L'inflation du prix des vaccins est un "obstacle majeur" à la généralisation de la vaccination en Afrique et devrait être au coeur des débats d'une Conférence interministérielle sur l'immunisation sur le continent à Addis Abeba, a dénoncé mercredi l'ONG Médecins Sans Frontières (MSF).
"Médecins Sans Frontières est consterné que la flambée des prix des vaccins ne soit pas une problématique inscrite à l'agenda (de la conférence), alors que cette inflation est un obstacle majeur dans la protection des enfants face aux maladies mortelles", a écrit MSF dans un communiqué publié mercredi.
Le docteur Myriam Henkens, coordinatrice médicale internationale à MSF, a appelé les gouvernements africains à faire pression sur les laboratoires pharmaceutiques. "Les ministres, pendant cette conférence, ne peuvent littéralement pas se permettre de gâcher l'opportunité de parler franchement de cette hausse des prix", a-t-elle insisté.
Dans son rapport, MSF pointe notamment du doigt les laboratoires américain Pfizer et britannique GlaxoSmithKline qui auraient fait "plus de 30 milliards de dollars de profits" en vendant des vaccins contre la pneumonie, mais "refusent encore de baisser le prix dans les pays en développement".
La pneumonie est responsable de 15% du nombre total de décès d'enfants de moins de 5 ans, principalement en Afrique subsaharienne, selon l'Organisation mondiale de la Santé (OMS).
"MSF appelle le public à faire pression sur les sociétés afin qu'elles réduisent le prix de ce vaccin à 5 dollars par enfant, pour les trois doses, dans les pays en développement et pour les organisations humanitaires", ajoute l'ONG. Selon MSF, ce vaccin est actuellement vendu 10 dollars.
Pour Kate Elder, conseillère en politique de vaccination à MSF, "on demande aux gouvernements de puiser dans leurs ressources pour acheter des vaccins à prix élevés, mais sans jamais entendre qui que ce soit exiger des géants pharmaceutiques qu'ils réduisent leurs coûts".
"Si les prix des vaccins continuent de flamber, nous verrons - et nous le voyons déjà - des pays, en Afrique et dans le monde, devoir choisir de lutter contre telle ou telle maladie mortelle", prévient Myriam Henkens.
AFP