RDC : un ancien député accusé d’incitation à la haine et emprisonné après s’être opposé à la révision constitutionnelle

Joseph Kabila, le président de la RDC

Un ancien député congolais, membre de la majorité opposé à une révision de la Constitution qui permettrait au président Kabila de briguer un troisième mandat, a été inculpé vendredi d'incitation à la haine tribale et incarcéré, a indiqué l'un de ses avocats.

Vendredi, il a été déféré au niveau du parquet général de la République. « On l'a inculpé d'incitation à la haine tribale et, tout à l'heure, il a été déféré au centre pénitentiaire de Makala", la prison centrale de Kinshasa, a déclaré à l'AFP la défense de Vano Kalembe Kiboko.

Arrêté lundi, M. Kiboko est poursuivi après "son point presse" de samedi concernant notamment "la protection des droits des autochtones de Kolwezi", dans la province minière du Katanga (sud-est). L'ancien député s'était opposé à ce que "le district de Kolwezi soit intégré dans le Lualaba" dans le cadre d'un redécoupage territorial.

"Pour moi, il n'y a pas d'éléments constitutifs de l'infraction. Le dossier est vide", a dit l'avocat, tout en souhaitant conserver l'anonymat.

Dans un communiqué, l'Association congolaise pour l'accès à la justice (Acaj) avait affirmé de son côté que l'ex-député a été arrêté pour s'être "opposé" à une "révision constitutionnelle" qui permettrait au président Joseph Kabila de briguer un troisième mandat, et pour "avoir dit soutenir la candidature du gouverneur de province du Katanga, Moïse Katumbi", à la présidentielle de 2016.

Selon un proche de M. Kiboko, l'ancien député estime pour sa part avoir été arrêté pour avoir suggéré à la majorité de penser à choisir un dauphin à M. Kabila et déclaré que M. Katumbi pouvait remplir ce rôle.

Le gouverneur Katumbi est rentré le 23 décembre 2014 dans sa province minière, poumon économique du pays, après trois mois passés à l'étranger. Accueilli triomphalement, il a prononcé un discours où il semblait s'opposer à un troisième mandat de M. Kabila.

Le président congolais a succédé en 2001 à son père assassiné, Laurent-Désiré Kabila. Il a ensuite été élu en 2006 au terme des premières élections démocratiques du pays, puis en 2011 lors d'un scrutin contesté par l'opposition et la communauté internationale.

Selon la Constitution actuelle, il ne peut briguer de troisième quinquennat en 2016. Mais l'opposition accuse son camp de vouloir réviser la Loi fondamentale ou de chercher à retarder le scrutin via un long recensement de la population, pour permettre à M. Kabila de rester au pouvoir au-delà de 2016.

Lundi, l'Acaj a affirmé que des membres de la majorité, de l'opposition et de la société civile sont la cible de "menaces" et d'"intimidations" de la part des "services de sécurité (...) à cause de leur opposition à toute révision constitutionnelle".