"Le pouvoir ne tolère aucune manifestation en dehors de la politique de M. Kabila", a déclaré à l'AFP Albert Moleka, ancien directeur du cabinet de l'opposant historique Etienne Tshisekedi et président le l'Union pour la démocratie et le progrès social (UDPS).
M. Moleka affirme avoir été interpellé ainsi qu'une vingtaine d'autres personnes samedi par les forces de l'ordre et de sécurité congolaises alors qu'ils se préparaient à participer à une "marche citoyenne de solidarité avec les populations de Beni", victimes de massacres à répétition.
La ville et le territoire de Beni, dans le nord de la province troublée du Nord-Kivu (est de la RDC) ont été endeuillés depuis octobre 2014 par une vague de massacres ayant coûté la vie à plus de 600 civils. En l'espace d'une seule semaine début mai, près de cinquante personnes ont ainsi perdu la vie, parmi lesquelles des femmes enceintes et des bébés, selon la Mission de l'ONU en RDC (Monusco).
La Monusco et le gouvernement congolais affirment que la vague de massacres commis dans la région de Beni est l'oeuvre des rebelles ougandais musulmans des Forces démocratiques alliées (ADF), installés depuis 1995 au Nord-Kivu, contre lesquels l'armée et les Casques bleus ont annoncé récemment être repassés à l'offensive.
Ce discours officiel est remis en cause par un récent rapport du Groupe d'étude sur le Congo(GEC), centre de recherche de l'Université de New York (NYU), selon lequel les ADF portent effectivement une part très importante de responsabilité dans ces tueries, mais au côté d'autres éléments armés, parmi lesquels des soldats de l'armée régulière.
Interrogé par l'AFP sur les interpellations de la veille à Kinshasa, le Bureau conjoint des Nations unies aux droits de l'homme en RDC (BCNUDH) a indiqué que "27 à 30 personnes ont été interpellées samedi mais toutes ont été relâchées vers 22h30".
Le chef de la Monusco Maman Sidikou a déclaré samedi soir dans un communiqué être "profondément préoccupé par les tensions politiques croissantes" en RDC alors que s'éloigne la perspectives de l'élection présidentielle censée se tenir avant la fin de l'année.
"La multiplication des procédures judiciaires ainsi que tous autres actes ayant pour effet de rétrécir l'espace politique, ne feront qu'exacerber ces tensions et rendre encore plus difficile la tenue du dialogue politique" voulu par le président Joseph Kabila en vue d'élections apaisées, a ajouté M. Sidikou.
Le climat politique est très tendu depuis des mois en RDC en raison de l'incertitude liée au très probable report du scrutin présidentiel.
Aux termes de la Constitution, M. Kabila, au pouvoir depuis 2001 et dont le mandat se termine en décembre, n'a pas le droit de se représenter.
Mais l'opposition accuse le chef de l'État, qui entretient le flou autour de ses intentions et de son avenir politique, de chercher à tout faire pour se maintenir à la tête du pays au-delà du terme de son mandat.
L'ONU demande avec insistance la tenue dans les temps de la présidentielle, alors que certains pays occidentaux menacent d'imposer des sanctions économiques contre certains dirigeants congolais.
Avec AFP