Réfugiés : Amnesty et HRW fustigent la stratégie australienne à Nauru

Un membre de la communauté française allument des bougies à Sydney, Australie, le 15 juillet 2016.

L'Australie a délibérément choisi de fermer les yeux sur les abus commis contre les réfugiés relégués sur l'île de Nauru pour dissuader les demandeurs d'asile de tenter de rejoindre son territoire, accusent mercredi Amnesty International et Human Rights Watch dans un rapport.

L'Australie essuie régulièrement les foudres d'organisations de défense des droits de l'Homme pour sa politique très dure envers les demandeurs d'asile.

Sa marine repousse systématiquement les bateaux de clandestins. Ceux qui parviennent à gagner ses côtes sont placées dans des camps de rétention au large, à Manus, en Papouasie Nouvelle-Guinée et à Nauru, minuscule îlot du Pacifique, ou sur l'île Christmas, dans l'océan Indien, le temps que leur demande d'asile soit instruite.

Même si leur demande d'asile est jugée légitime, Canberra ne les autorise pas à s'installer en Australie.

Anna Neistat, chercheuse à Amnesty, et Michael Bochenek, de Human Rights Watch, se sont rendus en juillet à Nauru pour y interviewer secrètement plus de 84 réfugiés qui y sont relégués par l'Australie.

"Le fait que le gouvernement australien n'apporte aucune réponse aux graves abus commis semble être une politique délibérée pour dissuader d'autres demandeurs d'asile d'essayer d'aller en Australie", peut-on lire dans ce rapport.

"La politique d'exil des demandeurs d'asile qui arrivent par bateau est cruelle à l'extrême", déclare Mme Neistat.

"Rares sont les pays qui vont aussi loin pour infliger délibérément des souffrances aux gens cherchant la sécurité et la liberté."

Des médecins, des avocats et de nombreuses organisations de défense des droits de l'Homme ont maintes fois dénoncée par le passé ce système de déportation, et les conditions de vie des réfugiés dans ces territoires à l'abri des regards extérieurs.

De nombreux rapports ont été publiés, documentant des violences physiques et psychologiques dans ces camps, et les graves problèmes mentaux des réfugiés qui y vivent indéfiniment sans aucune perspective d'en sortir.

"Pousser les réfugiés adultes et même les réfugiés enfants jusqu'au point de rupture semble être un des objectifs de l'Australie à Nauru", estime M. Bochenek.

Le gouvernement australien a rejeté en bloc les accusations des deux organisations. Selon les chiffres officiels au 30 juin, 442 demandeurs d'asile étaient détenus à Nauru, et 854 sur l'île de Manus.

L'Australie soutient que sa politique extrêmement dure vis-à-vis des migrants permet de dissuader les réfugiés d'entreprendre la périlleuse traversée vers les côtes australiennes.

Avec AFP