Regina, Susan, Laura : face à Trump, des émotions très contrastées

Un badge pour soutenir Donald Trump lors de la convention républicaine, Cleveland, le 18 juillet 2016 (VOA/Nicolas Pinault)

Certains l'adorent, d'autres le méprisent, et la plupart sont résignés : les délégués républicains investiront mardi à Cleveland Donald Trump pour la Maison Blanche. Quoiqu'ils ressentent, l'homme est devenu le visage du parti.

- Regina : désespérée -

Assise sur son siège de la délégation du Colorado, reléguée par les organisateurs dans un coin de la grande salle omnisports où se déroule la convention, Regina Thomson est impassible à l'écoute des discours hagiographiques sur le nouveau chef de son parti.

"Je ne peux pas voter pour lui, je n'ai aucun respect pour lui", répète-t-elle mécaniquement, calme mais choquée. "Comme républicain, il est tragiquement imparfait, et il est incapable d'être président."

Elle a mené une insurrection de palais la semaine dernière, échouant lors d'un comité préparatoire à autoriser les délégués à s'affranchir des résultats des primaires pour voter selon leur "conscience". Et elle a observé de plus en plus de ses camarades républicains se rallier à Donald Trump. "Ils ne le font pas parce qu'ils trouvent qu'il est un candidat acceptable, ils le font parce qu'ils sont résignés au fait qu'on ne pourra pas changer de candidat", dit-elle.

En protestant comme elle l'a fait depuis plusieurs jours, n'a-t-elle pas peur d'aggraver la guerre civile qui ronge le parti républicain ?

"Le parti est déjà tragiquement divisé, de toute façon", répond-elle. "M. Trump ne fait absolument rien pour tenter de panser les plaies. Il aggrave même les choses", conclut-elle, sans dire pour qui d'autre elle votera à la présidentielle de novembre.

- Susan : fière -

Elle affiche la couleur sur sa veste en jeans, avec un simple badge de Trump devant la Maison Blanche. Dans la queue d'une des nombreuses soirées organisées en marge de la convention, Susan Reneau raconte avoir interviewé Donald Trump il y a longtemps, lorsqu'elle était journaliste. C'est comme si elle avait rencontré un messie. Déléguée suppléante du Montana, c'est un fan de la première heure, avant même qu'il se lance en politique en juin 2015.

"J'ai interviewé beaucoup de sénateurs et de gens qui sont devenus présidents, et j'ai tout de suite vu qu'il avait ce qu'il fallait", dit Susan. "Trump ne fera qu'une bouchée des méchants", affirme-t-elle, soulignant, à l'adresse des Français, qu'après les attentats de Paris et Nice, un président Trump serait aussi formidable "pour vous".

Elle n'a que mépris pour les délégués qui tentent une ultime rébellion et refusent d'admettre la réalité. "Il faut qu'ils mettent leur pantalon de grand garçon et qu'ils admettent que Trump est le candidat, il a gagné sans tricher, et il sera une excellente nouvelle pour le reste du monde."

- Laura : résignée -

Dans l'avion qui l'emmenait à Cleveland dimanche, Laura LaRue, déléguée du Kentucky, a montré sur son téléphone une photo d'elle posant avec Jeb Bush, l'un des candidats terrassés par Donald Trump aux primaires. Mais contrairement au fils Bush, partisan de la ligne ni Clinton, ni Trump, Laura votera pour Donald Trump en novembre. Par loyauté envers le parti.

"Le meilleure chose que Donald Trump ait pour lui, c'est qu'il n'est pas Hillary Clinton", explique-t-elle.

"Je veux un président républicain, point final", affirme-t-elle. "L'unité du parti, c'est ce qui prime pour moi."

Mais en parlant, Laura révèle qu'elle s'est doucement laissé séduire, au fil des mois, par certains aspects de la personnalité du populiste. "Il travaille vraiment dur, il a l'air infatigable. C'est bien ça, pour un président."

"Personne ne le prenait au sérieux, et il a persévéré. Tout le monde pensait qu'il exploserait en vol, mais les gens aiment ce qu'ils entendent, et ça l'a conduit jusqu'ici", assure-t-elle.

"Je ne quitterai jamais le parti, mon Dieu, jamais".

Avec AFP