Un chercheur congolais sur le paludisme se réfugie en France

Le 9 mai 2016, 135 enfants ont été hospitalisés dans le service de pédiatrie de l'hôpital général de Pawa, principalement pour paludisme grave

Un chercheur congolais a obtenu un visa qui lui permet de demander l'asile en France après avoir quitté la République démocratique du Congo où il s'estime inquiété en raison de ses travaux sur un traitement alternatif du paludisme.

Médecin-chercheur, Jérôme Munyangi, 35 ans, avait défendu les bienfaits de la plante artemisia prise en tisane dans un documentaire diffusé en janvier sur la chaîne France 24 sous le titre: "Malaria business: les laboratoires contre la médecine naturelle?".

M. Munyangi a obtenu un visa de trois mois à l'ambassade de France en Centrafrique, a constaté l'AFP qui a vu le document. "C'est un visa long séjour au titre de l'asile. Arrivé sur place (en France), il déposera une demande d'asile classique", a précisé une source diplomatique française à l'AFP.

Un député français, Stéphane Demilly, est "intervenu auprès du ministre des Affaires étrangères ainsi qu'auprès du ministre de l'Intérieur afin que la situation du Dr Munyangi fasse l'objet d'un examen attentif", indique une collaboratrice de l'élu de la Somme (nord de la France).

Le chercheur est arrivé en région parisienne le 18 juin via la Centrafrique, a-t-il expliqué. Il affirme avoir quitté en mars dernier la République démocratique du Congo, après avoir été détenu à deux reprises dans la capitale, Kinshasa.

"J'ai été fouetté, frappé avec des crosses de fusils par mes gardiens et mes avocats ont été chassés par la force", raconte-t-il à l'AFP au sujet de sa première détention.

Les deux arrestations sont mentionnées par son avocat dans un courrier daté du 21 mars à la "Maison de l'artemisia France", concluant : "Il n'est pas en sécurité en République démocratique du Congo".

Contacté par l'AFP, cet avocat, Patrick Kitembo, déclare que le motif des arrestations serait un litige autour d'un contrat entre le chercheur et un dépôt d'une entreprise pharmaceutique.

"Le contrat en question n'existe pas. Le seul objectif était de déstabiliser le Dr Munyangi et ses recherches sur des traitements alternatifs au paludisme", ajoute l'avocat.

Dans le documentaire Malaria business, le chercheur affirme qu'une étude sur 1.000 patients avait prouvé que les tisanes d'artemisia étaient plus efficaces que les médicaments conventionnels contre le paludisme, les ACT, recommandés par l'OMS(acronyme anglais: combinaisons thérapeutiques à base d'artémisinine).

"C'est là que les ennuis commencent avec la médecine conventionnelle", a-t-il dit. "Les patients n'achètent plus les ACT. Nous devenons de plus en plus gênants".

L'OMS a voté dès 2007 une résolution "qui appelle à un retrait progressif des monothérapies à base d'artémisinine par voir orale des marchés".

Le paludisme a tué 435.000 personnes dont 93% en Afrique, estime l'OMS pour 2017.