Soudan du Sud: le Parlement lève l'obstacle à une réforme risquée pour l'accord de paix

Le président Salva Kiir du Soudan du Sud, au centre, et le leader de la rébellion au cours de la cérémonie de la signature du cessez-le-feu, à Addis Abeba, 9 mai 2014.

Le Parlement sud-soudanais a approuvé jeudi un amendement à la Constitution qui étend les pouvoirs du président en lui permettant de créer de nouveaux Etats, une réforme qui pourrait menacer l'accord de paix devant mettre fin à deux ans de guerre civile.

Cette modification a été adoptée alors que sept personnes ont été tuées par des inconnus armés qui ont attaqué un bus et quatre camions sur le principal axe reliant Juba à l'Ouganda, dont l'armée a prêté main-forte aux forces sud-soudanaises affront une rébellion depuis décembre 2013.

"Cet amendement ouvre la voie à la création de nouveaux Etats", a expliqué à l'AFP le porte-parole du gouvernement et ministre de l'Information Michael Makuei.

Début octobre, le président sud-soudanais Salva Kiir avait décidé par décret de faire passer de 10 à 28 le nombre d'Etats dans le pays. Les adversaires de cette réforme avaient estimé que la Constitution n'autorisait pas le chef de l'Etat à prendre une telle décision.

L'ancien vice-président Riek Machar, à la tête de la rébellion, avait accusé M. Kiir de mettre en danger l'accord de paix signé fin août pour mettre fin à la guerre civile, en rendant obsolètes les complexes dispositions-clés sur le partage du pouvoir, basées sur 10 Etats.

Les députés ont pourtant parallèlement approuvé jeudi le texte de l'accord de paix. Le gouvernement a indiqué attendre l'arrivée prochaine à Juba d'une délégation rebelle, pour la première fois depuis le début de la guerre, une étape capitale pour la mise en oeuvre de l'accord de paix, alors que les deux camps s'accusent respectivement de violer le cessez-le-feu.

Le Soudan du Sud, plus jeune nation du monde, a fait sécession du Soudan et proclamé son indépendance en juillet 2011, sur les décombres de plusieurs décennies de conflit avec Khartoum.

Des antagonismes politico-ethniques entre MM. Kiir et Machar à la tête du régime l'ont fait replonger dans la guerre civile en décembre 2013. Le conflit a fait des dizaines de milliers de morts et plus de 2 millions de déplacés, poussant le pays, l'un des moins développés du monde, au bord de la famine.

Jeudi matin, sept personnes ont péri dans une embuscade contre un bus et quatre camions à environ 180 km de la capitale, sur la principale route menant à l'Ouganda, a rapporté Mark Akio, ministre de l'Information de l'Etat d'Equatoria-Oriental.

Les combats se sont jusqu'ici concentrés essentiellement dans les deux Etats septentrionaux d'Unité et du Haut-Nil et dans l'Etat oriental de Jonglei. Ces derniers mois, les attaques ont augmenté dans les Etats méridionaux, sans que leurs auteurs soient clairement identifiés.

Avec AFP