Les 15 membres ont demandé aux pays de la région "de se préparer à fournir des troupes supplémentaires au cas où le Conseil le déciderait" au regard de recrudescence des combats au Soudan du Sud.
La capitale sud-soudanaise Juba a été le théâtre lundi, pour le quatrième jour consécutif, de violents combats entre forces loyalistes et ex-rebelles, traumatisant la population, malgré la réprobation d'une communauté internationale impuissante.
Le plus jeune pays du monde se dirige-t-il vers une nouvelle guerre civile après seulement cinq ans d’existence ? "C’est une situation très grave parce que le Soudan du Sud peut faillir comme un Etat si ses leaders ne se montrent pas plus responsables et plus conscients de la gravité de leur action", explique à VOA Afrique, Suliman Baldo, expert de cette partie de l’Afrique.
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Impliquant de l'artillerie lourde, ces combats ont éclaté dans la matinée vers l'aéroport (nord-est) et le quartier de Tomping (centre), a indiqué à l'AFP une source diplomatique occidentale, alors que l'ambassade des Etats-Unis à Juba a fait état de "combats sérieux entre le gouvernement et les forces d'opposition".
Plusieurs sources ont par ailleurs attesté la présence de chars et d'hélicoptères de combat de l'armée gouvernementale. Sur des photos prises par un témoin et envoyées à l'AFP, au moins un de ces hélicoptères est entré en action, tirant une roquette.
Plus tôt dans la matinée, alors que le fracas des armes s'était tu pendant la nuit, de nouveaux combats s'étaient déroulés à Jebel, un des quartiers où les affrontements de la veille ont été les plus virulents, ainsi que dans le quartier de Munuki.
Selon un journaliste de l'AFP présent à Juba, aucun coup de feu n'a toutefois été entendu depuis environ 14h locales (11HTU), suggérant une accalmie dans les affrontements. La situation reste toutefois tendue, seules les forces gouvernementales se déplaçant dans les rues.
Depuis vendredi, les combats auraient fait près de 300 morts, indiquent des sources locales, mais ce bilan est très certainement en deçà de la réalité puisqu'il porte essentiellement sur les pertes de vendredi et que les affrontements se sont intensifiés à partir de dimanche.
Selon Pékin, un Casque bleu chinois a été tué par une "bombe" ayant touché un véhicule blindé de l'ONU.
'Brutalité insensée'
Ces nouvelles violences, qui coïncident avec le 5ème anniversaire de l'accession à l'indépendance du Soudan du Sud, font craindre une reprise des combats à grande échelle dans tout le pays, déchiré depuis décembre 2013 par une guerre civile dévastatrice qui a déjà fait plusieurs dizaines de milliers de morts et près de trois millions de déplacés.
La représentante des Etats-Unis aux Nations unies, Samantha Power, a réitéré le projet que le Conseil de sécurité de l'ONU a formulé, dans une réunion d’urgence à New York dimanche soir, de renforcer la mission de l'ONU au Soudan du Sud (Minuss). Les 15 membres de Conseil de sécurité ont demandé aux pays de la région "de se préparer à fournir des troupes supplémentaires au cas où le Conseil le déciderait" au regard de recrudescence des combats au Soudan du Sud.
Le président de la Commission de surveillance et d'évaluation de l'accord de paix signé le 26 août 2015, Festus Mogae, a pour sa part appelé lundi à "une mise en oeuvre immédiate" de cet accord.
"Il est clair que certains éléments indisciplinés souhaitent revenir sur leurs engagements en faveur de la paix", a soutenu le Premier ministre éthiopien Hailemariam Desalegn, président de l'organisation des Etats de la région (Igad), dans un communiqué.
Une réunion des ministres des Affaires étrangères des pays membres de l'Igad était en cours lundi après-midi à Nairobi pour discuter de cette flambée de violence, dont les causes précises étaient encore inconnues lundi.
A Juba, un diplomate occidental a déploré "la brutalité insensée avec laquelle les uns et les autres répondent aux provocations".
'Milliers de réfugiés'
Des pluies orageuses qui se sont abattues la nuit sur Juba ont rendu encore plus précaire la situation des milliers de civils apeurés qui ont dû fuir les quartiers les plus touchés par les affrontements. Parmi eux, le correspondant de l'AFP a décrit une "situation terrifiante".
Selon la Minuss, 7.000 civils se sont réfugiés dans un de ses camps, à proximité duquel les combats ont éclaté, et qui abrite déjà 28.000 déplacés. D'autres se réfugiaient par centaines dans les églises de la ville.
Assurant que ce camp est "pris directement dans les combats et continue à subir des impacts d'armes légères et lourdes", la Minuss a indiqué que 67 personnes avaient été blessées, dont 8 sont ensuite décédées, dans ou autour de sites de protection réservés aux civils.
Le Haut-commissariat des Nations unies pour les réfugiés a dit s'attendre à une vague de réfugiés vers l'Ouganda voisin. "Nous nous préparons à la possibilité de milliers de nouvelles arrivées dans le pays en quelques jours", a affirmé Charlie Yaxley, un porte-parole de l'organisation en Ouganda.
Avec AFP