Soudan: Washington appelle à une enquête sur les morts et à libérer les manifestants

Manifestation anti-gouvernementale, Khartoum, Soudan, le 17 janvier 2019.

Les Etats-Unis ont appelé mercredi le Soudan à libérer les activistes détenus à la suite des manifestations qui secouent depuis un mois le pays, en mettant dans la balance de potentielles meilleures relations entre Khartoum et Washington.

Ce communiqué du département d'Etat est le premier de Washington depuis le début du mouvement de contestation le 19 décembre. Déclenché par la décision du gouvernement de tripler le prix du pain, il s'est vite transformé en rassemblements contre le pouvoir du président Omar el-Béchir, qui tient le pays d'une main de fer depuis un coup d'Etat en 1989.

Les Etats-Unis se sont dits "préoccupés par le nombre croissant d'arrestations et de détentions" et ont appelé le gouvernement à libérer "tous les journalistes, activistes et manifestants pacifiques qui ont été arbitrairement détenus".

"Nous demandons également au gouvernement de permettre une enquête crédible et indépendante sur les morts et les blessés parmi les manifestants", a déclaré le porte-parole du département d'Etat Robert Palladino.

"De plus, afin de traiter les doléances légitimes de la population, le gouvernement doit créer un environnement sûr pour l'expression publique et le dialogue avec l'opposition et la société civile, au sein d'un processus politique plus inclusif", a-t-il ajouté.

"Une relation nouvelle et plus positive entre les Etats-Unis et le Soudan requiert une réforme politique d'envergure et des progrès clairs et soutenus en faveur du respect des droits humains", a déclaré M. Palladino.

Les Etats-Unis ont peu à peu repris leurs relations diplomatiques avec le Soudan après des décennies de tensions. Le régime avait notamment accueilli Oussama ben Laden dans les années 1990.

Le gouvernement de Donald Trump a décidé en 2017 de lever certaines sanctions imposées au Soudan depuis 1997. Les Etats-Unis ont en revanche maintenu le Soudan sur leur liste des Etats soutenant "le terrorisme", et prévenu qu'ils ne l'en enlèveraient qu'en cas de nouveaux progrès.

La vague de contestation a fait 26 morts selon un bilan officiel, plus de 40 selon des ONG.

Avec AFP