Ce pilonnage s'est doublé, selon l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH), du largage de barils explosifs du régime mardi sur la ville rebelle de Saraqeb, à 50 km au sud d'Alep, qui ont engendré 24 cas de suffocation, selon la même source.
Or, si l'OSDH ne confirme pas que ces suffocations sont dues au gaz, les habitants et les rebelles ont affirmé qu'il s'agissait de chlore, ravivant le spectre de l'utilisation de gaz toxiques dans ce conflit qui a tué plus de 280.000 personnes depuis 2011.
Après l'attaque chimique qui avait provoqué la mort de centaines de personnes dans la région de la Ghouta orientale, à l'est de Damas, en août 2013, le régime s'était engagé à se défaire de son arsenal chimique. Mais l'Organisation pour l'interdiction des armes chimiques (OIAC), fait état depuis des mois du recours persistant à des gaz toxiques, sans toutefois désigner de coupable -- rebelles ou régime.
C'est non loin de Saraqeb, dans la province d'Idleb, qu'un hélicoptère russe s'est écrasé lundi après avoir été touché par un projectile. Les cinq militaires russes à bord ont péri dans cette attaque, la plus sanglante contre eux depuis le début de l'intervention militaire de Moscou en septembre 2015.
- 'Inacceptable' -
Moscou s'est d'ailleurs écharpé une nouvelle fois avec Washington. Malgré leurs antagonismes -- la Russie soutient Damas, les Etats-Unis l'opposition -- les deux puissances disent chacune lutté contre l'organisation de l'Etat islamique.
Le secrétaire d'Etat américain John Kerry a exhorté les protagonistes à Alep à faire preuve de retenue. "Il est évidemment essentiel que la Russie se maîtrise et freine le régime Assad dans ses attaques, tout comme il est de notre responsabilité d'obtenir de l'opposition qu'elle évite de s'engager dans ses opérations".
Un appel qui a été jugé "inacceptable" par Moscou. "Dès qu'il y a des progrès dans les combats contre les terroristes, grâce à l'armée syrienne avec notre soutien, les Américains (...) nous demandent d'arrêter de combattre les terroristes", a déclaré le vice-ministre russe des Affaires étrangères Sergei Ryabkov à l'agence Ria Novosti.
Barack Obama a assuré qu'en dépit d'une relation "difficile" avec la Russie, les Etats-Unis cherchaient toujours à coopérer pour trouver des solutions diplomatiques aux conflits comme en Syrie.
Dans la bataille d'Alep, les rebelles sont soutenus par le groupe jihadiste Front Fateh al-Cham (ex-Front al-Nosra qui a coupé ses liens avec Al-Qaïda). Le régime est lui aidé par l'aviation russe et au sol par des combattants iraniens et du Hezbollah libanais, selon l'OSDH.
Selon cette ONG, l'offensive lancée dimanche est la plus importante menée par les rebelles d'Alep depuis celle de 2012 qui leur avait permis de conquérir la moitié de la métropole du nord de la Syrie et de faire vaciller le régime de Bachar al-Assad.
L'objectif est d'ouvrir une nouvelle route d'approvisionnement vers les quartiers rebelles dans l'est de la ville et d'empêcher le régime de s'emparer de la totalité d'Alep.
Alep est divisée depuis juillet 2012 entre quartiers ouest aux mains du régime et quartiers est contrôlés par les rebelles et totalement assiégés par l'armée depuis le 17 juillet.
- 'Question de vie ou de mort' -
Les frappes russes "ont ralenti la contre-offensive et permis au régime de reprendre cinq des huit positions conquises par les rebelles", a indiqué à l'AFP Rami Abdel Rahmane, directeur de l'OSDH.
Les combats ont fait au moins "50 morts" dans les rangs des rebelles et jihadistes et "des dizaines de morts" du côté du régime depuis le début de l'offensive, a précisé l'ONG.
"C'est une bataille de la dernière chance pour les rebelles. S'ils la perdent, il leur sera difficile de se lancer dans une nouvelle offensive pour briser le siège", a dit M. Abdel Rahmane.
"Pour le régime aussi, c'est une question de vie ou de mort. Cela fait des mois qu'il prépare cette bataille et ce sera un coup dur (...) s'il la perd", a-t-il ajouté.
Ailleurs dans la province d'Alep, un raid aérien probablement russe a visé la localité rebelle d'Atareb, causant la mort de 11 civils dont cinq enfants, selon l'OSDH. Depuis le 16 juillet, ce fief des insurgés a été la cible de frappes qui ont fait au total de 76 morts, dont 30 femmes et enfants, affirme l'Observatoire.
Par ailleurs, dans le nord du pays, l'alliance arabo-kurde des Forces démocratiques syriennes (FDS) soutenue par la coalition internationale a avancé à Minbej, un fief de l'EI qu'elle contrôle désormais à 60%, a indiqué l'OSDH. Le sort de milliers de civils pris au piège des combats à Minbej suscite l'inquiétude des organisations humanitaires.
Déclenché par la répression de manifestations pro-démocratie, le conflit s'est complexifié avec l'intervention militaire de puissances régionales et internationales et la montée en puissance de groupes jihadistes dont l'EI.
Avec AFP